Premier constat, la taille de la famille française se réduit de plus en plus. Alors que la population n'a augmenté que de 3,3 % depuis 1990, date du dernier recensement, les couples sans enfants ont crû de 16 % et les familles monoparentales de 22 %. Ces dernières, qui dans 85 % des cas ont une femme à leur tête, sont désormais 1,75 million et élèvent 13 % des enfants de moins de 15 ans, contre 9 % il y a dix ans.
L'évolution la plus spectaculaire concerne cependant les personnes vivant seules, dont la proportion a doublé en 30 ans : elles sont aujour- d'hui 7,4 millions (12,6 % de la population). Les catégories sociales sont diversement concernées. Par exemple, 20 % des femmes cadres vivent seules, mais moins de 10 % des ouvrières. Les femmes, globalement, sont plus nombreuses que les hommes à vivre ainsi (4,4 millions contre 3 millions). Mais l'écart tend à se réduire : en 1962, on comptait deux fois plus de femmes seules que d'hommes. Ce rapport varie fortement selon l'âge. Ainsi, les hommes vivent plus souvent seuls entre 30 et 50 ans, du fait des ruptures d'union et des gardes d'enfants confiées aux mères. Passé ce cap, les femmes, à l'espérance de vie plus longue, l'emportent numériquement.
Si l'augmentation des personnes seules a affecté toutes les classes d'âge, les plus de 60 ans ont été particulièrement touchés, au point d'en représenter aujourd'hui plus de la moitié. Cette tendance illustre notamment, note l'INSEE, « le recul de la mortalité aux grands âges, le recul de la dépendance par l'amélioration des soins et le développement des services adaptés à ces âges ». Le départ en institutions, de fait, est devenu rare avant 80 ans.
Autre point fort des analyses de l'institut, la féminisation des emplois : en 1999, 45 % d'entre eux étaient occupés par des femmes, contre 42 %en 1990. Une évolution due à la croissance des métiers à fort taux de féminisation, au premier rang desquels les assistantes maternelles, gardiennes d'enfants et travailleuses familiales. Ces trois catégories comptent aujourd'hui 538 000 emplois, soit 277 000 de plus qu'il y a dix ans. Les secteurs de la santé et du travail social ont créé, quant à eux, 180 000 emplois d'assistantes sociales, d'éducateurs spécialisés, d'infirmières, de kinésithérapeutes en dix ans (2). Et le nombre des animateurs socio-culturels et de loisirs a quasiment doublé et atteint 101 000.
L'INSEE s'est également intéressé à la population active immigrée, qui rassemble 2,3 millions de personnes. Celles-ci, confirment les études, sont surreprésentées parmi les demandeurs d'emploi : elles en constituent 15 %, contre seulement 8,6 % de la population active totale. En outre, elles occupent plus fréquemment des emplois temporaires ou à temps partiel, le plus souvent comme ouvriers ou employés. La nouveauté est à rechercher du côté des femmes immigrées, de plus en plus actives. Leur taux d'activité, bien inférieur à celui des hommes, n'en est pas moins en forte progression par rapport à 1982 : il est passé de 41 % à 57 % pour les 15-64 ans, se rapprochant ainsi de celui de l'ensemble des femmes (63 %).
Céline Gargoly
(1) « 7,4 millions de personnes vivent seules en 1999 » - INSEE Première n° 788 ; « Des ménages de plus en plus petits » - INSEE Première n° 789 ; « L'espace des métiers de 1990 à 1999 » - INSEE Première n° 790 ; « De plus en plus de femmes immigrées sur le marché du travail » - INSEE Première n° 791- 15 F (2,29 €) le numéro.
(2) Pour des statistiques plus complètes sur les travailleurs sociaux, voir ASH n° 2180 du 15-09-00.