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ASE : quelle porte de sortie ?

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A la demande du conseil général, une recherche est actuellement menée sur le devenir des enfants passés par l'aide sociale à l'enfance (ASE) de la Seine-Saint-Denis. Elle s'intéresse notamment à la problématique mal connue de la sortie des dispositifs de protection de l'enfance en associant les travailleurs sociaux. Explications avec Mihai Gheorghiu, chercheur et coordinateur de l'ensemble de la recherche (1).
Plusieurs recherches ont déjà été menées sur le devenir des enfants de l'ASE. En quoi votre démarche est-elle originale ?

Les recherches antérieures - celle de Corbillon en 1990 et du Crédoc en 1993 - visaient des personnes qui avaient quitté le dispositif à la fin des années 80. Notre étude a la particularité de cibler trois populations de sortants de l'ASE à dix ans d'intervalle - 1980, 1990, 2000 - ayant connu des mesures de placement et/ou des actions éducatives en milieu ouvert. Cette période permet de prendre en compte les changements intervenus depuis la décentralisation et la réforme de l'aide sociale à l'enfance. De plus, cette recherche, menée dans un département particulièrement sensible, se focalise sur le moment de la sortie du dispositif de protection de l'enfance. Particulièrement critique et souvent déterminant, celui-ci n'avait jamais vraiment été étudié.

Comment s'effectue cette recherche ?

Elle s'inscrit dans le cadre d'un partenariat entre le conseil général de la Seine-Saint- Denis, l'université de Paris-VIII et la Maison des sciences de l'Homme. N'ayant pu obtenir au départ le financement dans sa totalité (2), nous avons défini plusieurs modules. C'est ainsi que le travail sur les dossiers des enfants sortis de l'aide sociale à l'enfance en 1980 et en 1990 est terminé. Ces résultats seront à comparer avec les données issues des dossiers des sortants de 2000 et les entretiens avec les personnes des trois cohortes. La sortie est, elle, traitée dans un autre module, soit une recherche-action menée avec les travailleurs sociaux.

De quoi s'agit-il ?

Nous nous sommes intéressés plus particulièrement au moment de la sortie des enfants et des jeunes de l'ASE en 2000 : comment est-il préparé par les professionnels des différentes circonscriptions de l'ASE et les autres travailleurs sociaux ? Leurs pratiques sont-elles cohérentes ? Nous avons voulu offrir aux travailleurs sociaux la possibilité, au sein de discussions libres et hors de tout contrôle hiérarchique, de donner leurs points de vue. Pendant plus d'un an, trois ateliers de réflexion - centrés sur la sortie des mineurs et les adoptions, celle des jeunes majeurs, celle par les institutions médico-sociales ou de justice - se sont réunis chaque mois. Ils associaient les chercheurs, des professionnels de l'ASE et des travailleurs sociaux partenaires.

Où en êtes-vous aujourd'hui ?

Les ateliers sont terminés. Dès la rentrée, nous avons prévu des réunions avec les circonscriptions de l'ASE et les institutions concernées afin de restituer les résultats. Ce qui va permettre de passer des échanges individuels à une discussion au niveau des équipes. Début 2002, nous devrions également avoir terminé l'analyse des dossiers des sortants de l'ASE en 2000 et deux autres études satellites (3). Notre idée est de parvenir au rapport final à la fin du premier semestre 2002. Un séminaire européen permettra également de confronter nos conclusions aux résultats et pratiques professionnelles d'autres pays.

Qu'attendez-vous de cette recherche pour les travailleurs sociaux ?

Je crois qu'elle peut enrichir leur pratique en leur renvoyant une représentation plus précise des effets sociaux de leur travail. On constate qu'il y a peu de concertation au sein même des équipes de circonscription de l'ASE pour préparer les sorties des dispositifs de protection de l'enfance. On prête beaucoup d'attention aux admissions qui donnent lieu à un travail de préparation collectif et de sélection, alors que la question de la sortie est laissée de côté. Ce qui fait que le partenariat fonctionne mal. Or, mieux préparer la sortie pourrait permettre de limiter les échecs et les réadmissions dans les services. Propos recueillis par Isabelle Sarazin

Notes

(1)  Conseil général de la Seine-Saint-Denis : 124, rue Carnot - BP 193 - 93003 Bobigny cedex - Tél. 01 43 93 93 93.

(2)  La recherche a été financée à hauteur de 1,5 million de francs par la DGAS, le conseil général, le FAS et le GIP Justice.

(3)  Elles portent sur les pupilles ayant bénéficié d'une adoption, et sur une monographie du foyer de Villepinte.

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