L'indicateur officiel du chômage ne recense aujourd'hui que moins de la moitié (47 %) des personnes en sous-emploi ou au chômage, souligne une étude de Connaissance de l'emploi, des revenus et des coûts-Association (CERC-Association) (1). Celle-ci indique en effet que la forte baisse, depuis 1997, de la statistique mensuelle du chômage, qui ne comptabilise que les chômeurs de catégorie 1, dissimule la progression « spectaculaire » de toutes les autres catégories de demandeurs d'emploi.
L'indicateur officiel ne prend en compte que les personnes sans emploi, immédiatement disponibles et à la recherche d'un emploi à durée indéterminée et à temps plein. Le nombre de demandeurs d'emploi qui travaillent ponctuellement (stages, travail temporaire ou partiel non choisi, contrats à durée déterminée, etc.), et qui n'entrent pas dans cet indicateur officiel, a augmenté de plus de 440 000 entre janvier 1997 et janvier 2000, contre une hausse de 200 000 entre 1994 et 1997.
Pour CERC-Association, ces chiffres traduisent « un déplacement considérable des catégories de chômeurs ». Ce phénomène n'est pas nouveau, mais il s'est fortement accentué. Et notamment du fait que de plus en plus de chômeurs exercent des activités réduites de « plus de 78 heures » (2). « Le chômage, analyse l'étude, est devenu de plus en plus invisible. »
Par ailleurs, la mise en œuvre du programme « nouveau départ » a entraîné la radiation administrative des chômeurs de longue durée qui n'ont pas répondu à leur convocation.
Quelles qu'en soient les raisons, ce décalage entre l'indicateur officiel et le total des demandeurs d'emploi montre « qu'il n'existe pas, dans l'absolu, de “bonne” mesure du chômage ». La mesure de l'emploi et du chômage, conclut l'étude, doit cependant s'adapter aux transformations du marché du travail et aux nouvelles formes de chômage : « C'est non seulement la privation d'emploi, mais aussi l'insatisfaction croissante des salariés- notamment des femmes - et des “chômeurs-travailleurs” à l'égard de leurs conditions d'emploi qu'il convient désormais d'évaluer. »
(1) La Note de CERC-Association, n° 10 - Juin 2001 - Disp. à CERC-Association : 10, rue Jacques-Mawas - 75015 Paris - Tél. 01 45 31 85 70.
(2) Depuis une décision du Conseil d'Etat de juin 1985, les demandeurs ayant exercé une activité réduite de plus de 78 heures au cours du mois appartiennent aux catégories 6, 7 et 8.