Je constate d'abord qu'après les années qui ont suivi la décentralisation, l'attention des pouvoirs publics se focalise à nouveau sur l'aide sociale à l'enfance. C'est une bonne chose car la réflexion doit être menée aussi au niveau national. Nous sommes en effet confrontés au développement de la violence chez des publics de plus en plus jeunes et à l'évolution des comportements familiaux. Il ne s'agit pas pour nous de jeter un regard moral sur l'attitude des adultes. Mais nous devons nous interroger sur l'action à mener en direction des jeunes et adolescents dont les parents sont séparés. Enfin, la crise économique a entraîné des questionnements sur les liens entre la précarité des parents et les difficultés des enfants. Sachant, comme le montre le rapport Naves-Cathala, que la pauvreté n'est qu'un élément aggravant et non le seul facteur explicatif.
Notre action se situe dans une perspective dynamique tenant compte des évolutions. Elle vise à aider les adultes à remplir leurs fonctions parentales et à maintenir, lorsque c'est envisageable, les liens parents-enfants et ceux des fratries. Pour un certain nombre d'enfants et d'adolescents, sauvegarder ces relations est difficile. Nous tentons alors d'apporter des réponses les moins institutionnelles possible, centrées sur l'apprentissage de la vie autonome. Par ailleurs, face aux phénomènes de violence, nous essayons sur la base de notre expérience de participer au débat collectif : faut-il retirer les jeunes du milieu où ils vivent ? Avoir des structures d'éducation renforcée ?
Nous sommes d'accord avec les grandes lignes de la réforme du droit de la famille : affir- mer la responsabilité de l'enfant, renforcer l'autorité parentale, prôner l'égalité entre tous les enfants... Mais réformer le droit ne suffit pas. Nous attendons qu'on aille plus loin. Par exemple, nous approuvons le recours à la médiation ; mais encore faut-il donner les moyens aux juges et aux familles de recourir aux médiateurs ! Et puis, la politique familiale doit englober l'ensemble des enfants et adolescents d'une génération et consacrer davantage de moyens à la réflexion et au suivi de ceux en grande difficulté. A cet égard, l'Unasea, qui depuis trois ans n'est plus invitée à la conférence de la famille, a des choses à dire !
C'est vrai que jusqu'ici l'action de l'Unasea s'est centrée plutôt sur l'enfance et l'adolescence en difficulté et que le handicap est resté un peu en retrait. Pourtant parmi nos établissements et services adhérents, un tiers accueille des enfants et adolescents handicapés. Aussi nous comptons bien apporter notre pierre au chantier de la réforme de la loi du 30 juin 1975 sur les handicapés. Nous souhaitons notamment faire avancer la réflexion sur l'intégration scolaire, la gestion des établissements et services freinés dans leurs initiatives par le carcan budgétaire...
Vous savez la réforme de la famille avait été annoncée par Elisabeth Guigou dès 1997 ! Alors, nous apprenons la patience en nous inscrivant dans la durée. Bien sûr, nous aimerions que cela aille plus vite, mais cela ne doit pas pénaliser la qualité des concertations qui doivent s'ouvrir. Propos recueillis par Isabelle Sarazin
(1) Unasea : 118, rue du Château-des-Rentiers - 75013 Paris - Tél. 01 45 83 50 60.