La médiation sociale est en passe d'être reconnue comme un métier à part entière. Le ministre délégué à la ville, Claude Bartolone, a en effet annoncé, le 14 juin, la prise en compte dans la fonction publique territoriale du métier de médiateur social, ainsi que la création de nouveaux diplômes.
En plus des quelque 7 000 agents locaux de médiation sociale, recrutés sous contrats emploi-jeunes et dans le cadre des contrats locaux de sécurité, sont concernés les délégués du médiateur de la République, les correspondants de nuit (au moins 500 sous divers statuts, employés par des régies de quartiers, des organismes HLM ou encore des municipalités), les femmes-relais (environ un millier de bénévoles, vacataires ou emplois aidés dans des associations) ainsi que les adultes-relais (1), les médiateurs citoyens bénévoles, et les milliers d'emplois-jeunes ou de personnes embauchées sous divers statuts par des collectivités locales, des sociétés de transport public, des organismes HLM, de grandes entreprises publiques ou encore des associations.
Bien qu'ayant prouvé leur efficacité, la plupart de ces acteurs sont menacés de disparition, selon les conclusions d'un groupe de travail sur la médiation sociale, présidé par l'ancien maire de Rouen, Yvon Robert, remises quelques jours auparavant au ministre délégué à la ville. « L'urgence et la relative improvisation qui ont présidé à leur mise en place, ainsi que le caractère provisoire des emplois-jeunes ont entraîné des insatisfactions » et l'inquiétude à la fois des jeunes, qui « s'interrogent sur leur avenir individuel », et des habitants qui « se demandent si les nouveaux services mis en place vont être maintenus », constate le rapport. Et de pointer également un manque de clarification de leur activité et une formation insuffisante.
Des remarques entendues par Claude Bartolone, qui reprend à son compte un certain nombre des propositions avancées. Les métiers de la médiation sociale seront ainsi bientôt intégrés dans la fonction publique territoriale. Un décret est déjà en cours de préparation. Plus précisément, il ne sera pas instauré un cadre d'emploi spécifique mais le cadre d'emploi actuel de l'animation sera élargi pour devenir une filière de « l'animation et de la médiation ». En outre, des métiers existants « pourraient être enrichis par des notions de médiation », notamment ceux « de l'accueil et du travail social », indique le ministre.
Parallèlement, de nouveaux diplômes seront créés, afin notamment d'encourager les employeurs privés - associations, bailleurs sociaux, entreprises de transport... - à recourir à ce type d'emplois. Un diplôme de niveau IV (niveau bac) est, d'ores et déjà « en voie d'aboutissement ». Des dispositifs de validation des acquis seront, par ailleurs, mis en place pour les nouveaux concours, dans le cadre de la loi Sapin du 3 janvier 2001 (2). De plus, un effort particulier sera mené en faveur de la formation des agents locaux de médiation sociale, « afin qu'ils puissent non seulement s'orienter vers les nouveaux métiers de la médiation sociale s'ils le souhaitent, mais aussi intégrer d'autres métiers, comme ceux du travail social, par exemple ».
Claude Bartolone propose également au gouvernement et aux partenaires employeurs de reprendre la « charte de référence » de la médiation sociale établie par le groupe de travail afin d'aider à une clarification du métier. Ce document pose les principes généraux devant présider à l'activité des médiateurs : neutralité et impartialité, négociation et dialogue mais aussi libre consentement et participation des habitants. La charte a, par ailleurs, comme ambition de clarifier les frontières entre les différents intervenants. Elle précise ainsi que les médiateurs exercent une activité « nouvelle et originale, distincte du travail social ou d'activités éducatives ou de sécurité », et doivent « développer leur intervention en articulation, concertation et complémentarité » avec les autres acteurs.
(1) Voir ASH n° 2164 du 28-04-00.
(2) Voir ASH n° 2203 du 23-02-01.