Avec un an de retard sur le calendrier envisagé (1), le schéma national des formations sociales -déjà révélé par les ASH (2) - a été signé par la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, le 28 mai, après avis favorable du Conseil supérieur du travail social (3). Les préfets de région ont désormais six mois à compter de sa publication pour fixer les orientations régionales.
Préparé en concertation avec les acteurs et partenaires du secteur de l'emploi et de la formation des travailleurs sociaux, cet outil de régulation, institué par la loi contre les exclusions de 1998, est destiné à mieux ajuster l'offre de formation aux besoins en personnel qualifié.
Il dresse d'abord un état des lieux : sur 806 000 travailleurs sociaux, 46 % sont des assistantes maternelles et 22 % des aides à domicile peu, voire pas, formées. La direction générale de l'action sociale (DGAS) relève que l'accès à la formation de ces professionnels de niveau V est beaucoup plus faible en volume et plus limité que pour celles de niveau III (par exemple, les assistantes sociales). Autre aspect souligné par la DGAS : le risque d'une véritable pénurie de main-d'œuvre diplômée, notamment avec le vieillissement des professionnels et la réduction du temps de travail. Ainsi, selon des projections effectuées sur la période du schéma, il faudrait augmenter le nombre de diplômés de 19 à 25 % pour les assistants de service social, de 23 à 29 % pour les éducateurs spécialisés, ou encore de 34 à 36 % pour les aides médico-psychologiques.
Par ailleurs, le mode de structuration du dispositif de formation, piloté par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, rend délicate la mise en œuvre d'un certain nombre de principes qui commencent à s'imposer dans le domaine de la formation professionnelle, comme la validation des acquis professionnels. D'autres insuffisances, notamment dans l'articulation formation initiale/formation continue, sont également pointées.
D'où l'identification de cinq axes principaux d'orientation. Le premier porte sur l'évolution des architectures des formations diplômantes. Il s'agit, entre autres, de favoriser les passerelles entre les formations et la validation des acquis professionnels. Le deuxième axe vise le développement des formations diplômantes, en particulier par un accroissement des effectifs en formation initiale et une diversification des modes d'accès à la formation. Mieux relier la formation initiale et la formation continue constitue une autre priorité. Renforcer l'appareil de formation également, en particulier pour que les établissements de formation interviennent à la fois en formation initiale et continue. Enfin, de nouvelles formes de régulation, telle une commission professionnelle consultative (CPC) couvrant le champ du travail social et de l'intervention sociale, sont prévues.
S'agissant de la mise en œuvre du schéma, outre la CPC, un suivi annuel est organisé. En termes de moyens, la direction générale de l'action sociale indique en particulier qu'en 2001, « le ministère assurera la montée en charge financière des augmentations d'effectifs réalisées au titre du programme de lutte contre les exclusions » et qu'il s'attachera à « obtenir les moyens correspondant à l'accroissement de l'offre de formation initiale ».
(1) Voir ASH n° 2120 du 21-05-99.
(2) Voir ASH n° 2186 du 27-10-00.
(3) Voir ASH n° 2201 du 9-02-01.