« Après un certain nombre d'envolées dénonciatrices sur ses collègues, votre correspondant propose essentiellement un ajustement technique qui permettrait une synchronisation entre les évolutions de la garantie de ressources (dont la maîtrise, contrairement à ce qui est sous-entendu, appartient principalement à l'Etat, puisque ses services en assurent approximativement les 4/5) et celles de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).
C'est un problème réel qui est posé avec insistance aux pouvoirs publics depuis plusieurs années par de nombreuses associations gestionnaires, des familles et des directeurs d'établissements. Il est nécessaire de le résoudre rapidement car il crée de véritables gênes en cas d'arrêt partiel ou total de l'activité professionnelle.
Par contre, si l'on reste sur les ressources des travailleurs handicapés des CAT, la question véritablement importante n'est pas celle-ci mais celle de leur montant. Elle n'est pourtant pas abordée par votre correspondant.
En effet, et l'une des motions transmises en mars 2001 aux pouvoirs publics par Andicat (3) rappelait que le protocole d'accord de novembre 1989, signé entre les fédérations d'associations et les pouvoirs publics, qui prévoyait que les travailleurs handicapés en CAT disposent d'un montant total de revenus (garantie de ressources +AAH) compris entre 100 et 110 % du SMIC, n'est pas respecté. En réalité, celui-ci se situe généralement autour de 91 % du SMIC. Comment, alors, parler de choix de vie, de normalisation des conditions d'existence, d'une diversification des solutions au fur et à mesure de l'avancée en âge, de l'accès à un logement autonome avec ou sans l'aide d'un service d'accompa- gnement ?...
Cette situation est de nature à contrarier l'intégration sociale que les CAT, par leurs projets et leurs pratiques, encouragent fortement, chaque fois qu'elle est possible (près de 30 % des travailleurs handicapés vivent en appartement personnel, avec ou sans soutien psycho-social).
Le prochain rendez-vous d'Andicat avec les pouvoirs publics traitera notamment de ce point. Par ailleurs, il est difficile de passer sous silence la condamnation, par votre correspondant, de ses collègues, directement responsables, selon lui, d'un système économique parallèle et de la naissance par là même d'un sous-prolétariat. C'est vraiment nous donner un pouvoir que nous n'avons pas !
Il n'est pas adéquat de donner ici une leçon, même basique, d'économie. Il semble cependant utile de renvoyer votre correspondant à l'excellent rapport rédigé par l'universitaire et économiste Alain Supiot, pour le compte du Parlement européen, qui établit, notamment, les articulations entre les productions externalisées des entreprises et l'impact sur les statuts des employés des sous-traitants et des prestataires de service (dont les CAT ne sont bien sûr qu'une très infime partie). Indiquons-lui, également, la livraison récente de l'INSEE (octobre 2000) sur “les travailleurs pauvres”, qui lui serait bien utile pour comprendre des phénomènes sociaux de grande ampleur, dépassant de très loin le cadre hexagonal (et, bien plus encore, le travail protégé).
Plutôt que de les réduire, au moyen de raisonnements à très courte vue, à des comportements de gestionnaires de CAT, il nous faut en réalité les combattre clairement, comme travailleurs sociaux et comme citoyens, pour défendre le droit au travail et le droit à la dignité pour les employés de CAT, mais aussi pour d'autres. »
(1) Andicat : 1, avenue Marthe - 94500 Champigny-sur- Marne - Tél. 01 45 16 15 15.
(2) Voir ASH n° 2211 du 20-04-01.
(3) L'association regroupe plusieurs centaines de directeurs et cadres de CAT.