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La FNARS réclame 6 milliards d'euros pour la lutte contre les exclusions

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Licenciements annoncés chez Danone,  respect des obligations européennes, rééquilibrage politique..., voilà la lutte contre les exclusions revenue au rang des priorités gouvernementales. Mais si la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) (1) se réjouit de ce « réveil » gouvernemental après un relatif essoufflement, elle s'inquiète que rien ne soit dit sur l'ampleur de l'engagement financier qui sera consacré au deuxième programme de lutte contre les exclusions que la France doit soumettre en juin à ses partenaires européens. Rejoignant donc le collectif Alerte (2), l'organisation réclame un engagement significatif qu'elle chiffre au minimum à 6 milliards d'euros sur deux ans (environ 40 milliards de francs), en se référant aux 51,4 milliards de francs débloqués sur trois ans lors du précédent programme. Par ailleurs, la lutte contre l'exclusion doit être « un objectif permanent  », souligne-t-elle, dénonçant l'insuffisante mobilisation du gouvernement pour informer les titulaires de leurs droits et aller au-devant d'eux. Car même si le phénomène du non-recours est encore peu étudié, force est de constater que trop de personnes ne bénéficient pas des droits auxquels elles peuvent prétendre.

Ouvrir les minima sociaux aux jeunes

Parmi les priorités de la FNARS, rendues publiques le 25 avril, toujours les jeunes de moins de 25 ans sans ressources qui, pour les plus en difficulté, ne bénéficient pas du programme TRACE. D'où la nécessité de le renforcer et de le réorienter, défend la FNARS. Dans ce cadre, l'allocation d'insertion de 2 000 F annoncée par Elisabeth Guigou (3) va plutôt « dans le bon sens », estime-t-elle, mais reste insuffisante. En effet, quid des plus exclus, hors du dispositif ? Et comment vivre avec seulement 2 000 F par mois ? Mais, plus fondamentalement, la fédération critique le rajout d'une prestation supplémentaire venant encore complexifier le système des minima sociaux. Or c'est bien sa simplification qu'il faut viser, plaide Jean-Paul Péneau, directeur général, évoquant la nécessité d'harmoniser, de revaloriser et surtout d'ouvrir les minima sociaux à tous, « jeunes, prisonniers y compris ». La première mesure urgente consistant à amener le revenu minimum d'insertion (pour un adulte avec un enfant) au même niveau que l'allocation de parent isolé (4 393 F par mois). Dans tous les cas, « personne ne doit vivre avec des ressources inférieures au seuil de pauvreté ».

Par ailleurs, malgré la croissance, l'exclusion ne recule pas et les inégalités persistent. D'où la nécessité selon la FNARS, parallèlement à la lutte contre le chômage, de s'attaquer au travail précaire et de revaloriser les bas salaires, en particulier le SMIC. Point sur lequel elle attend un engagement significatif du gouvernement. Déplorant par ailleurs que le projet de prime pour l'emploi « écarte une fois de plus les plus pauvres », notamment les chômeurs, la FNARS réclame l'augmentation des contrats emploi-solidarité et des contrats emploi consolidé (dont le nombre, entre 1997 et 2001, a été réduit de moitié), ainsi que leur allongement et leur assouplissement. Et l'instauration d' « un devoir de non-abandon des bénéficiaires de ces contrats ». Enfin, « la responsabilité sociale des entreprises » doit être affirmée. « Pas de licenciement sans reclassement », prône l'organisation, qui accueille plutôt « comme une bonne surprise » les mesures annoncées par Elisabeth Guigou (4).

Autre chapitre à améliorer, le droit au logement pour lequel la FNARS défend l'instauration d'une couverture logement universelle. Là encore, les dispositions présentées par la secrétaire d'Etat au logement, Marie-Noëlle Lienemann (5), vont « dans le bon sens », mais « ne s'attaquent pas au fond du problème » à savoir l'effondrement de la construction sociale qui s'accélère depuis trois ans. « On rajoute quelques mesures par-ci par-là mais sans élaborer de programme vraiment ambitieux », regrette Jean-Paul Péneau. Et la fédération de rappeler, par ailleurs, la nécessité de ne pas oublier le logement très social qu'elle aimerait voir être encouragé dans le cadre du quota de 20 % imposé par la loi de solidarité et de renouvellement urbains.

En outre, dans le domaine de l'urgence et de l'insertion, « la loi doit s'appliquer sans plus attendre », s'agace l'organisation, qui s'impatiente toujours quant à la parution du décret élargissant les missions des centres d'hébergement et de réinsertion sociale. Elle demande de plus « les moyens nécessaires » pour l'accueil et l'insertion durable des publics : soit 2 milliards de francs supplémentaires sur deux ans pour le secteur de l'urgence sociale.

Relever le seuil de la CMU

 Quant à la santé, si l'organisation a salué la mise en place de la couverture maladie universelle  (CMU), elle n'en réclame pas moins des améliorations. Notamment le relèvement du seuil (de 200 F au minimum) et son extension à tout mineur, y compris les enfants de parents étrangers en situation irrégulière. De même, il faut donner aux hôpitaux les moyens de prendre en charge les plus démunis : augmentation des permanences d'accès aux soins de santé, création de consultations dentaires...

Par ailleurs, la lutte contre les exclusions a « ses oubliés »  :personnes sortant d'hôpitaux psychiatriques, séropositifs et malades du sida, familles expulsées, femmes victimes de violence dont le nombre augmente et pour lesquels aucune forme d'accueil digne n'est prévue. Sans compter les conditions d'accueil des réfugiés, qui se sont nettement dégradées en 2000, sur lesquelles « le gouvernement reste outrageusement silencieux », s'emporte Jean-Paul Péneau.

Enfin, le traitement de la délinquance relève non seulement d'une intervention judiciaire, mais doit s'accompagner d'une intervention sociale, soutient la FNARS, qui souhaite l'introduction du secteur socio-éducatif judiciaire adulte dans la réforme de la loi de 1975 comme institution sociale et médico-sociale.

I.S.

Notes

(1)  FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.

(2)  Voir ASH n° 2209 du 6-04-01.

(3)  Voir ASH n° 2211 du 20-04-01.

(4)  Voir ce numéro.

(5)  Voir ce numéro.

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