« Comble d'anachronisme, voire d'injustice sociale, depuis des années, les ressources accordées aux travailleurs handicapés sont assujetties à leur capacité de présence régulière et à leur bon comportement au travail : les ressources sont effectivement attribuées ainsi au mérite et constituent une sanction supplémentaire du handicap. “Tu ne peux pas être régulièrement présent au travail donc tu gagneras moins !”
La bonne conscience des décideurs, les directeurs de CAT, se rachète grâce à la “compensation” des revenus du travail par le versement, par la caisse d'allocations familiales, de l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Il faut savoir, à ce propos, que des ressources diminuées en septembre 2001 ne seront compensées par cette allocation qu'à partir de juillet 2002, date de révision des montants alloués en fonction des ressources perçues.
Lorsque l'on est travailleur handicapé en CAT, il convient de prendre en compte tous ces impondérables pour réussir à “boucler ses fins de mois”. Véritable casse-tête auquel [ces travailleurs] ne comprennent rien, ni eux, ni leur famille d'ailleurs. Il est vrai que la règle énoncée par la circulaire n° 89-352 du 22 décembre 1989 ne se vérifie pas toujours dans la pratique. A savoir : un “salaire” de 15 % du SMIC versé à un travailleur handicapé en CAT est majoré de 50 % dudit SMIC par le jeu d'un complément de rémunération versé par l'Etat au CAT. Le total de ces deux sources de “salaire” se trouve majoré par l'AAH de 35 % du SMIC pour atteindre 100 % de ce même SMIC. Cette règle se trouve malheureusement très mal appliquée du fait de la complexité de ce mode de rémunération et des lourdeurs administratives qu'elle implique.
Les ressources d'un travailleur de CAT sont, par la combinaison des “politiques” scandaleuses de certains de ces établissements en matière de salaire, soumises à des dérèglements permanents.
Ma proposition serait de stabiliser au maximum les “salaires” que nous octroyons aux travailleurs handicapés en :
uniformisant le salaire de base versé par le CAT ;
maintenant le salaire en cas de maladie (subrogation).
Ces deux dispositions permettraient de stabiliser les ressources du travail et, par répercussion, elles stabiliseraient le montant de l'AAH, qui est censé les compléter à hauteur du SMIC.
D'aucuns tenteront de trouver cette position irréaliste, arguant d'un taux d'absentéisme important chez les personnes handicapées travaillant en CAT. Je les invite à se poser la question du pourquoi de cet absentéisme. Je les invite également à s'attarder sur les répercussions morales et financières des diminutions de salaire qu'ils opèrent arbitrairement.
Cette question est une dure réalité induite par un système parallèle qui à aucun moment n'a pris le recul de la condition sociale des personnes handicapées dans le monde du travail. C'est un véritable sous-prolétariat qui est né de nos pratiques, sans que l'on y prenne garde. Les travailleurs handicapés nous ont démontré leur capacité à prendre place dans le champ économique de la production de biens et de services. Ce dispositif de “salaire”, que nous pensions à l'origine éducatif, est aujourd'hui d'un autre temps et totalement injuste. »
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