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Bernard Kouchner souhaite rénover la politique de santé mentale

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Il est « nécessaire de poser les bases d'une refondation de la politique de santé mentale dans un cadre qui donnera lieu à une large concertation associant usagers, professionnels et représentants institutionnels, notamment les élus locaux », a affirmé Bernard Kouchner, le 5 avril, au cours d'un colloque sur l'information des usagers en santé mentale. Le ministre délégué à la santé a ainsi esquissé « les axes d'une politique de santé mentale rénovée, tels qu'ils [lui] apparaissent aujourd'hui indispensables ». Idée déjà évoquée en mars dernier lors des IVe rencontres de la psychiatrie (1). La mise en œuvre de ce projet « suppose une transformation profonde de l'organisation actuelle » et nécessitera du temps, a prévenu le ministre. Des travaux actuellement en cours au sein de la direction générale de la santé et de la direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, ainsi que le rapport des psychiatres Eric Piel et Jean-Luc Roelandt, attendu pour l'été, viendront alimenter cette réflexion dont la  « traduction est susceptible de passer par une loi-cadre  ».

Tout d'abord, Bernard Kouchner veut renforcer la place des usagers dans le dispositif de santé mentale et affirmer les droits des malades. Le projet de loi de modernisation du système de santé, qu'il espère boucler avant la fin de l'année, devrait y contribuer, notamment en élargissant la composition des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques aux usagers. En outre, le ministre souhaite faire participer ces derniers aux conférences nationale et régionales de santé « dans lesquelles ils se trouvent en capacité de représenter les intérêts des citoyens, aux côtés des professionnels de santé et des institutionnels ». Proposer une révision de la loi du 27 juin 1990 relative aux droits et à la protection des personnes hospitalisées en raison de troubles mentaux est également à l'ordre du jour. L'un des objectifs étant de limiter le nombre croissant d'hospitalisations sans consentement, dénoncé en début d'année par la Cour des comptes dans son rapport annuel (2).

Second axe : centrer la mise en œuvre de la politique de sectorisation sur les besoins de l'usager. En premier lieu, Bernard Kouchner préconise l'élaboration, dès l'entrée de l'individu dans le système de soins, d'un «  plan de services  ». Pour cela, relève-t-il, « il faudra organiser des passerelles entre les dispositifs sanitaires, médico-sociaux et sociaux de manière à pouvoir faire coexister, lorsque cela est nécessaire, des périodes de soins et de prise en charge sociale ». Selon lui, un tel dispositif évitera « de rechercher à la hâte des solutions alternatives sociales ou médico-sociales à une hospitalisation qui doit prendre fin ». Par ailleurs, le ministre entend, à terme, faire disparaître les structures d'hospitalisation psychiatriques, trop éloignées des lieux de vie des personnes malades et qui, de ce fait, « ne présentent pas toutes les garanties de réinsertion dans la société ». Il prône la généralisation des services de psychiatrie dans les hôpitaux généraux, « en cohérence avec l'organisation par bassin de vie ou territoire pertinent », et le développement des alternatives à l'hospitalisation (hospitalisation et visites à domicile, accueil familial thérapeutique...). Ce rapprochement avec les soins généraux se ferait également au travers d'un schéma régional d'organisation sanitaire unique, comportant un volet « psychiatrie » obligatoire. En outre, afin de prévenir la crise ou l'urgence, Bernard Kouchner souhaite la création d'équipes mobiles de psychiatrie qui interviendraient de façon précoce au domicile des malades.

Enfin, pour le ministre, cette nouvelle approche de la santé mentale nécessite de faire évoluer les pratiques professionnelles vers un travail en réseau. Le psychiatre doit s'entourer d'une équipe pluridisciplinaire (psychologues, infirmiers, psychomotriciens, orthophonistes, travailleurs sociaux...). Et, « afin d'organiser les articulations de compétence attendues des patients », les professionnels paramédicaux et sociaux doivent être « formés à des approches communes », aussi bien lors de leur formation initiale que continue.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2205 du 9-03-01.

(2)  Voir ASH n° 2199 du 26-01-01.

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