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Politique de santé mentale : les associations soutiennent la « refondation »

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La grande réforme de la politique de santé mentale que les associations d'usagers appellent de leurs vœux depuis 20 ans est-elle en passe de prendre forme ? C'est ce que la Fédération nationale des associations de (ex-) patients en psychiatrie (Fnap-psy) (1) et l'Union nationale des amis et familles de malades mentaux (Unafam) (2) veulent retenir des annonces de Bernard Kouchner au colloque sur l'information des usagers en santé mentale, organisé le 5 avril à Paris (3). Mais elles restent vigilantes sur la volonté politique du gouvernement et les modalités d'application de cette véritable refondation de la psychiatrie.

« Si elle est mise en place, cette réforme sera formidable. Mais lorsqu'on demande au ministre de la Santé s'il aura les moyens de l'appliquer, sa réponse est nuancée », s'inquiète Claude Finkelstein, présidente de la Fnap-psy. Or les deux associations d'usagers sont d'accord avec la suppression des grands hôpitaux psychiatriques à une condition : que les financements de la politique de santé mentale soient redéployés vers une véritable prévention,  une meilleure intégration dans la cité de petites structures de soins et une collaboration plus étroite entre hôpital et travailleurs sociaux. En effet, «  il ne suffit pas de rapprocher l'hôpital des lieux d'habitation. Encore faut-il que ces derniers existent ! Il arrive encore trop souvent que l'on mette les patients à la porte de l'hôpital sans leur procurer de logement », critique l'Unafam. Celle-ci va d'ailleurs publier le 8 juin un livre blanc sur les insuffisances de l'accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques dans la cité.

Quelle place pour les familles ?

« La véritable place que Bernard Kouchner veut accorder aux usagers serait une grande bouffée d'oxygène pour nous. Jusqu'alors présents dans les conseils d'administration des hôpitaux, nous ne pouvions que donner un avis consultatif. La bonne solution serait d'instaurer, comme aux Pays-Bas, des collectifs de patients participant réellement à la vie des lieux de soins et consultés à chaque hospitalisation sous contrainte », estime par ailleurs la Fnap-psy. L'Unafam est plus méfiante sur la place que les pouvoirs publics et les médecins entendent laisser aux usagers. « Certains voudraient que seuls les patients soient représentés. Mais qu'en est-il des familles ?, interroge Jean Canneva, président de l'association, qui poursuit : en cas de maladie mentale, ces dernières sont beaucoup plus impliquées que dans le cas d'une appendicite. Le patient est souvent accompagné par sa famille, et le trouble psychique implique, perturbe tout l'entourage du patient. Bref,  il faut aussi officialiser la place des familles ».

Enfin, si tout le monde est d'accord pour déplorer l'inflation des hospitalisations involontaires, les propositions pour y remédier sont différentes. L'Unafam craint que le gouvernement n'ait la tentation de les freiner « autoritairement », alors qu'il serait plus judicieux de se demander pourquoi les hospitalisations d'urgence et à la demande d'un tiers explosent. « A notre sens, c'est parce que l'accompagnement au quotidien dans la cité est insuffisant », avance Jean Canneva. La Fnap-psy, pour sa part, propose de mettre en place un « garde-fou » contre les mauvaises habitudes créées par la loi de 1990. « L'hospitalisation d'urgence devrait être limitée à 72 heures d'observation, après lesquelles l'équipe médicale, le malade, et une personne désignée par ce dernier (association, membre de la famille, etc.) statueraient sur le maintien en unité de soins », suggère-t-elle.

Notes

(1)  Fnap-psy : 24, rue de Maubeuge - 75009 Paris - Tél. 01 45 26 08 37.

(2)  Unafam : 12, Villa Compoint - 75017 Paris - Tél. 01 53 06 30 43.

(3)  Voir ce numéro.

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