Même si les maisons de justice et du droit (MJD) manquent de notoriété, leurs usagers sont particulièrement satisfaits des services qu'elles proposent. C'est ce que souligne une série de sondages réalisés par le CSA pour le ministère de la Justice et rendus publics le 2 avril à l'Ecole nationale de la magistrature. A la fois quantitatives et qualitatives, ces enquêtes ont été exécutées en janvier et février 2001, auprès de 368 personnes à la sortie des maisons de justice et, par téléphone, auprès d'un échantillon représentatif de 950 personnes âgées de 18 ans et plus.
Seulement un Français sur quatre a entendu parler des MJD et 5 % y ont eu recours, révèlent ces sondages. Il est donc indéniable que ces institutions sont mal connues. Le CSA précise d'ailleurs que, pour se renseigner sur leurs droits et la justice, les personnes interrogées s'adressent en premier lieu à leur mairie (54 %), à un notaire ou un huissier (40 %), à un avocat (38 %) ou encore à une assistante sociale (29 %). Si elles ont entendu parler des maisons de justice, c'est davantage par les médias ou des amis et des parents que par l'institution judiciaire elle-même.
Les personnes qui se sont rendues dans les maisons de justice sont en majorité des hommes, des jeunes âgés de 18 à 24 ans et des personnes peu diplômées. Quant aux usagers les plus réguliers, ils sont dans une situation de grand dénuement social (chômeurs) et fréquentent les structures les mieux insérées dans le tissu urbain local.
Pour quelles raisons vont-ils dans ces institutions ? Avant tout, pour traiter des problèmes familiaux (30 %) et obtenir des informations générales sur leurs droits et obligations (19 %). 89 % des personnes interrogées se disent assez ou très satisfaites et mettent en avant la qualité de l'accueil (amabilité, clarté et simplicité du langage employé, écoute) ainsi que la compétence des personnels. Les utilisateurs des MJD ont même un avis plus favorable que le grand public en général, puisque 92 % disent en avoir « une bonne opinion » (contre 69 %). 68 % les jugent même « tout à fait indispensables » et 53 %souhaitent voir augmenter leur nombre en France.
« Une crainte affleure cependant lorsqu'on les interroge sur une généralisation des maisons de justice : ces dernières ne risquent-elles pas de perdre ce qui fait leur spécificité, c'est-à-dire la qualité de l'accueil et du contact ? », analyse l'auteur de l'étude. Selon lui, c'est le service public, synonyme de gratuité et d'égalité de traitement de tous les citoyens, qui est apprécié par des usagers qui se sont enfin sentis écoutés et respectés. Conséquence : un tiers d'entre eux avouent même avoir une meilleure opinion de la Justice après qu'ils ont fréquenté les MJD.