Une meilleure collaboration entre école, familles, police, travailleurs sociaux et justice, à condition qu'elle respecte bien les missions de chacun, serait « judicieuse » pour lutter contre les violences scolaires. Cette idée, déjà maintes fois entendue, est ici défendue par des acteurs de terrain, qui décrivent leur expérience au quotidien et en tirent des suggestions personnelles et originales.
Par exemple, Maryse Vaillant, psychologue clinicienne chargée de mission à la protection judiciaire de la jeunesse, rappelle combien les incivilités « signalent les failles dans le contrat social ». Il est donc urgent de soutenir les parents dans leur rôle éducatif et de créer des partenariats entre tous les acteurs sociaux. Pourquoi ne pas ouvrir dans les mairies des lieux de rencontre neutres entre parents et enseignants, afin « d'éviter les reproches réciproques et les menaces d'intrusion » ? Et pourquoi ne pas penser l'éducation sexuelle sur le modèle de l'éducation civique ?, propose-t-elle. De son côté, Didier Mazoyer, commissaire principal à Vitrolles, milite pour la mission sociale de la police et propose d'alimenter le lien entre école et forces de l'ordre par la création de « correspondants scolaires », c'est-à-dire des policiers-référents pour les jeunes. Présidente du tribunal pour enfants de Créteil (Val-de- Marne), Marie-Dominique Vergez, pour sa part, alerte l'école sur « ses attentes démesurées vis-à-vis du judiciaire ». L'Education nationale se défausse en effet trop souvent sur les juges, en leur demandant de punir des incivilités confondues, selon la magistrate, avec des délits.
Enfin, Gilbert Longhi, proviseur au lycée Jean-Lurçat, à Paris, démontre comment l'Education nationale doit éviter à tout prix d'exclure les élèves (ce qui est vécu comme une violence révoltante), et peut proposer aux jeunes, davantage que des enseignements, une véritable éducation, en lien avec les parents et des animateurs. Bref, ces témoignages sont une excellente occasion, pour chaque catégorie professionnelle en charge de l'adolescence, de mieux connaître le travail des autres partenaires et, à terme, d'éviter de « saucissonner » le traitement des problèmes des jeunes.
P.D. Face aux incivilités scolaires, quelles alternatives au tout sécuritaire ? - Gilbert Longhi, Didier Mazoyer, Maryse Vaillant, Marie-Dominique Vergez - Ed. Syros -98 F (14,94 €).