« L'Etat souhaite-t-il toujours rester le pilote du dispositif de formation des travailleurs sociaux à travers le contenu des programmes de formation et des diplômes d'Etat ou existe-t-il une orientation différente qui “libéraliserait” le dispositif ? », s'agace l'Association française des organisations de formation et de recherche en travail social (1). Lasse de voir ses préoccupations peu prises en compte par les pouvoirs publics, celle-ci compte bien réclamer un engagement clair de l'Etat sur la formation des travailleurs sociaux, le 23 mars, lors du rendez-vous qu'elle a obtenu au ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
« Les centres de formation sont dans une passe difficile », rappelle Christian Chasseriaud, président de l'Association. Et celui-ci d'évoquer tour à tour le manque prévisible de travailleurs sociaux diplômés dans les années à venir, la sortie attendue, depuis bientôt trois ans, du décret concernant le financement des centres de formation (dans le cadre de la mise en place des contrats pluriannuels), les problèmes d'application de l'avenant - cadre sans « qu'aucune allocation de crédits supplémentaires n'ait été prévue »... Enfin dernière préoccupation, la situation des étudiants, fortement mobilisés depuis l'automne, auxquels l'organisation apporte son soutien (2). « Il ne faudrait pas que “le mur de l'argent” devienne un empêchement d'entrer dans les formations sociales pour ceux qui sont les plus modestes », avertit Christian Chasseriaud. « L'Etat ne pourrait-il pas s'engager à reexaminer le situation globale des étudiants par rapport à l'ensemble des conditions matérielles nécessaires à la réalisation des parcours de formation ? », s'interroge-t-il.
L'Aforts n'est pas la seule à interpeller le ministère. L'Association nationale des directeurs d'action sociale et de santé des conseils généraux (3) a également adressé, le 13 mars, un courrier à Elisabeth Guigou pour lui faire part de « ses préoccupations en matière de recrutement des travailleurs sociaux ». « Le travail social manque de bras », s'alarme-t-elle, évoquant la difficulté, dans ces conditions, de maintenir une réponse de qualité. A l'incapacité du dispositif de formation de répondre au déficit de personnels entraîné par la mise en place de la réduction du temps de travail et les départs en retraite prévisibles, s'ajoutent, selon l'organisation, les « modalités particulières de gestion des personnels de la fonction publique territoriale ». Et de relever les freins liés au concours d'accès, le traitement salarial souvent moins attractif que dans le secteur associatif, le manque de perspectives de carrière...
(1) Aforts : 1, Cité Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 53 34 14 74.
(2) En signant l'appel unitaire - Voir ci-dessous.
(3) Andass - BP 10-93 001 Bobigny cedex - Tél. 01 43 93 80 00.