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Les municipales, un bon moyen de faire avancer la cause des handicapés ?

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Cette année, un « Collectif des démocrates handicapés » présente des candidats aux municipales. Cette forme d'action est-elle la plus adaptée pour faire reconnaître les droits de cette « minorité »  ?

« Investir l'échiquier politique et faire sortir du ghetto associatif les citoyens porteurs de handicaps. » C'est avec cet objectif que le Collectif des démocrates handicapés  (CDH) s'est créé en décembre dernier (1), en prévision des élections municipales. Doté d'un programme de défense des personnes handicapées (amendes aux entreprises ne respectant pas les quotas d'embauches, plan d'adaptation des transports et lieux publics, etc.), ce parti politique a démarché les listes républicaines de droite et de gauche et présenté sur celles-ci 25 candidats en position éligible.

Si les motivations sont louables, la démarche est-elle légitime ? Elle suscite en tout cas des réserves de la part de certaines associations. Point positif, la création du CDH « a provoqué un déclic chez des personnes handicapées - ou des proches -, qui ne s'étaient pas engagées en politique auparavant », comme l'explique Gilles Bisson, vice-président du parti. Il est d'autant plus souhaitable que les intéressés prennent eux-mêmes en charge la défense de leurs droits, qu'il faut bien le reconnaître, il existe « un manque de représentation de ces personnes », souligne Maurice Beccari, directeur général de la Fédération nationale pour l'insertion des sourds et des aveugles en France (Fisaf). Et celui-ci de regretter que les hommes politiques ne prêtent une oreille attentive à leurs problèmes qu'occasionnellement, « en cas d'enjeu électoral ».

Pour autant, en se revendiquant comme personnes handicapées et non comme citoyens avant tout, les candidats du CDH ne se trompent-ils pas de combat ? « Même les personnes qui se présentent sous l'étiquette d'un parti lambda vous diront : “Je suis candidat aveugle sur telle liste”. Le handicap passe toujours avant le fait d'être citoyen », estime Gilles Bisson. Lequel est convaincu que « faire pression » sur les élus en « se servant » des municipales est le moyen le plus efficace de soutenir leur cause.

D'autres contestent pourtant cette forme de « discrimination positive ». « Un parti constitué exclusivement de personnes handicapées est forcément stigmatisant. Et puis, le fait d'agir ainsi va à l'encontre des principes de non-discrimination et d'intégration des intéressés dans le milieu ordinaire adoptés au niveau européen », regrette Maurice Beccari. « Je trouve dommage qu'une personne handicapée ne soit candidate que pour défendre des questions concernant ses pairs. Cela revient à tomber dans une logique de ghetto. Mais surtout, c'est aux associations de défendre les intérêts particuliers. Les membres de partis politiques doivent en revanche promouvoir un projet pour l'ensemble de la société », argumente Marie-Sophie Dessaulle, présidente de l'Association des paralysés de France.

Justement, quel est le projet politique du CDH ? « Il n'y a pas de politique de droite ou de gauche envers les handicapés. Il n'existe qu'une seule bonne défense de ces personnes  », affirme, péremptoire, Gilles Bisson. Non, répondent ses détracteurs, les modes de financement et les moyens de parvenir à un meilleur respect de leurs droits sont variés. «  Tout dépend du projet de société que l'on porte !  », s'exclame Marie- Sophie Dessaulle. Par exemple, «  est-ce qu'on demande à l'Etat de maintenir une responsabilité collective à l'égard de droits collectifs ? Ou est-ce qu'on prône une décentralisation, voire une privatisation de la politique envers les personnes handicapées - au risque de créer des inégalités sociales ? », s'interroge la Fisaf.

Quoi qu'il en soit, ces élections auront été l'occasion de vérifier que l'acte même de voter n'est toujours pas garanti aux handicapés. Pour preuve, l'Association des paralysés de France a fait « campagne » auprès des municipalités pour qu'elles améliorent l'accessibilité aux bureaux de vote. «  Les réponses des petites villes ont été plutôt positives, alors que les grandes se sont montrées relativement indifférentes », témoigne Marie-Sophie Dessaulle.

Paule Dandoy

Notes

(1)  Voir ASH n° 2193 du 15-12-00.

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