Comment éviter le développement d'une classe de « travailleurs pauvres » ? Si le phénomène inquiète les experts économiques au sens où il pourrait remettre en cause les fondements de la cohésion sociale, les solutions proposées sont loin de faire l'unanimité. Et à cet égard, le rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) sur l'accès à l'emploi et à la protection sociale des personnes les moins qualifiées (1) relance les débats sur les effets des prestations sur le retour à l'emploi (2). « De toute façon, que ce soit la prime à l'emploi proposée par le gouvernement ou l'allocation complémentaire de revenus suggérée par le CERC, ces experts éludent les problèmes de fond », réagit Laurent Guilloteau, responsable à Agir contre le chômage (AC !) (3).
Si celui-ci reconnaît que la seconde allocation aurait le mérite de se concentrer sur les ménages les plus pauvres alors que la prime à l'emploi ne les concernerait qu'à la marge, il y voit un encouragement au recours aux contrats de travail précaires et à l'emploi sous-qualifié. Pour lui, rejoignant en cela le Mouvement national des chômeurs et précaires, la seule manière d'éviter que les personnes soient obligées d'accepter des boulots de seconde zone passe par leur principale revendication, à savoir une augmentation significative des minima sociaux.
Quant à la question des jeunes, elle ne peut, selon AC !, être résolue qu'avec l'instauration d'un droit au revenu. Droit qui, contrairement à l'allocation d'autonomie préconisée par le Plan (4), ne saurait être subordonné à une obligation de formation. Estimant dangereuses les logiques actuelles visant à articuler droits et devoirs, AC ! envisage d'ailleurs de lancer une campagne sur l'instauration d'un revenu garanti pour les jeunes de 16 à 25 ans.
(1) Voir ASH n° 2204 du 2-03-01.
(2) Voir notamment notre article sur les travailleurs pauvres - ASH n° 2192 du 8-12-00.
(3) AC ! : 42, rue d'Avron - 75020 Paris - Tél. 01 43 73 36 57.
(4) Voir ASH n° 2204 du 2-03-01.