Il est nécessaire « d'inciter les médecins à faire un dépistage systématique des violences » et d'encourager leur collaboration avec les autres intervenants, en particulier les travailleurs sociaux. Tels sont les grands axes des recommandations du rapport intitulé Les femmes victimes de violences conjugales, le rôle des professionnels de santé , remis le 28 février au ministre délégué à la santé par un groupe d'experts réunis sous la présidence du professeur Roger Henrion.
Les auteurs font état notamment de l'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (1) et de deux études sur le comportement des médecins face à ce problème. De fait, si les professionnels de santé sont les premières personnes auxquelles les victimes se confient (24 % des cas, devant la police et la gendarmerie, puis la justice et les associations), ils sont très réticents à leur répondre : manque de formation, peur de faire intrusion dans la vie privée, des conséquences judiciaires ou du scandale, les médecins demeurent isolés. D'où la nécessité, parmi les « dix actions prioritaires à mettre en oeuvre rapidement » de les sensibiliser et de les former. Par ailleurs, il faudrait « encourager la formation de réseaux » facilitant la coordination entre professionnels de santé, travailleurs sociaux, magistrats et associations. L'organisation de rencontres au niveau local entre ces intervenants permettrait « d'examiner les dossiers les plus épineux et [de] faire évoluer l'accueil de première intervention et le suivi des femmes victimes ». Parmi les autres recommandations, figure l'institution dans les maternités d'une cellule polyvalente psychosociale. Le rapport souhaite, enfin, une participation des médecins à la commission départementale de lutte contre les violences faites aux femmes, ou encore, « assurer la mise à l'abri » des victimes (hospitalisation sous X, hébergement d'urgence).
(1) Voir ASH n° 2192 du 8-12-00.