« Des efforts conséquents et soutenus depuis 1995 » mais des « besoins restant à satisfaire », telle est la conclusion d'un rapport du gouvernement sur la prise en charge des personnes autistes et des troubles qui sont apparentés, remis au Parlement en décembre 2000, conformément à la loi de 1996 (1).
Ce document dresse un bilan des actions conduites par les pouvoirs publics aux plans national et régional entre 1995 et 2000. Au total, près de 520 millions de francs de crédits de l'assurance maladie, des conseils généraux et de l'Etat ont été réservés ou redéployés pour créer 2 033 places pour enfants et adolescents (820) ainsi que pour adultes autistes (1213). Depuis 1998, 70 formations destinées à des professionnels accueillant des autistes ont été organisées par an, bénéficiant annuellement à 500 stagiaires. Enfin, toutes les régions ont mis en place des plans régionaux sur l'autisme qui se sont révélés « assez disparates, même s'ils s'attachent tous à répondre aux questions posées par les instructions ministérielles qui les instituent ».
La direction générale des affaires sociales (DGAS), auteur de cette évaluation, note toutefois deux effets indésirables générés par la mise en œuvre « d'une politique ciblée sur les personnes autistes » et de dotations financières spécifiques. En premier lieu, les enveloppes ont parfois servi à d'autres types de handicaps, constate-t-elle. « Ce phénomène est resté circonscrit, mais il n'est pas admissible qu'une action volontariste des pouvoirs publics pour combler les retards observés dans le domaine de l'autisme soit détournée de son objectif. » Seconde lacune : certains établissements médico-sociaux accueillant des enfants et des adolescents handicapés mentaux ne reçoivent plus de résidents autistes au motif qu'il existe un programme spécifique pour l'autisme.
Au final, le rapport prône certains ajustements. Il suggère ainsi de conduire une évaluation des dispositifs de formation des professionnels (2). Il propose ensuite de créer de nouveaux centres de ressources sur l'autisme, s'ajoutant aux quatre centres existants, afin de garantir un bon maillage régional ou interrégional du territoire. La diffusion d'un guide de bonnes pratiques du diagnostic précoce de l'autisme est aussi préconisée. Les commissions départementales de l'éducation spécialisée (CDES) et les commissions techniques d'orientation et de reclassement professionnel (Cotorep) devraient, par ailleurs, examiner en priorité les demandes concernant les dossiers les plus difficiles des enfants, adolescents et adultes très handicapés. Et adapter en conséquence leur calendrier de travail en saisissant en amont les groupes Handiscol' pour ce qui concerne l'intégration scolaire (3). Autre conseil : intensifier le partenariat avec les services de l'Education nationale afin de promouvoir un développement plus important de l'intégration scolaire des jeunes autistes. Enfin, la DGAS appelle à mieux définir les rôles respectifs des secteurs de psychiatrie et du champ médico-social et les modes d'articulation du sanitaire et du social dans le domaine de l'autisme.
(1) Sur le bilan de l'association Autisme France, voir ce numéro.
(2) Voir ASH n° 2069 du 2-05-98.
(3) Voir ASH n° 2144 du 3-12-99.