Dans quelle mesure la maltraitance est-elle liée à la précarité et à l'exclusion ? La question mérite d'être posée après les débats sur les liens placements d'enfants-pauvreté relancés par l'association ATD quart monde. Les différentes contributions (d'éducateur, de professeur de pédiatrie sociale, de juge des enfants, de directeur d'association, etc.), de valeur inégale, ont le mérite de souligner la complexité de cette problématique. Avant-guerre, les travailleurs sociaux considéraient généralement que les enfants en danger appartenaient exclusivement à des familles pauvres. Une analyse jugée depuis réductrice et stigmatisante (la violence sexuelle a toujours existé dans tous les milieux sociaux). Aujourd'hui, les éducateurs et les assistants sociaux isolent ainsi « les conditions socio-économiques de l'émergence de la violence intrafamiliale pour ne s'attacher souvent qu'à la seule lecture psychologique de la maltraitance », considère Marceline Gabel, responsable de l'Observatoire de l'enfance en danger à l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée. Elle se demande même si certains professionnels n'en viennent pas, parfois, à nier que la précarité vulnérabilise les parents et rend plus difficile leur tâche de pourvoir aux besoins de leurs enfants. En tout état de cause, les auteurs sont unanimes sur un point : il est urgent de venir en aide aux mères seules élevant de jeunes enfants, dont la situation reste extrêmement fragile. P.D. Etre parents en situation de grande précarité - Sous la direction de Marie-Paule Poilpot - Ed. érès - 85 F (12,96 €).
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Etre parents en situation de grande précarité
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