Comment s'est déroulée votre assemblée : le mouvement des étudiants travailleurs sociaux (2) a-t-il atteint une dimension nationale ?
- Nous étions une centaine, issus de 35 instituts de formation. Toutes les régions étaient représentées. Cette assemblée générale a permis un échange d'informations, entre les villes déjà mobilisées depuis la mi-novembre, comme Tours, Angers, Toulouse... et les autres. L'objectif est maintenant d'agir rapidement, de la même manière, partout. Nous prenons donc contact avec tous les centres de formation, leurs associations et les organisations professionnelles. Nous sommes prêts aussi à nous joindre aux étudiants d'autres filières comme celles du para-médical (infirmières, kinés, manipulateurs radio...). Notre collectif appelle, le 29 janvier à Paris, à une grande manifestation nationale soutenue par des actions locales, pour ceux qui n'auront pu quitter leur lieu de stage. Une délégation de dix personnes, issues de différentes régions et représentatives de toutes les formations, a été désignée pour coordonner l'organisation et être reçue ce jour-là par les pouvoirs publics.
Quelles sont vos principales revendications ?
- Nos échanges se poursuivent afin que la rédaction d'un cahier de revendications soit terminée le 29 janvier. Deux axes majeurs ressortent des débats. Nous voulons obtenir un revenu minimum de formation, car la majorité des étudiants en travail social vit en dessous du seuil de pauvreté de 3 800 F par mois. Nous demandons aussi une réduction des frais de scolarité : certains centres de formation réclament moins de 1 000 F l'an, d'autres jusqu'à 7 000 F. De même pour les concours d'entrée : si certains centres se débrouillent avec 200 F par candidat, d'autres exigent jusqu'à 1 400 F ! Nous voulons également obtenir la reconnaissance des diplômes en fonction du nombre d'années d'études réellement effectuées : bac + 2 pour les moniteurs-éducateurs, bac + 3 pour les autres. D'autant que trois ans, pour nous, c'est 1 500 heures de cours théoriques et 15 mois de stage sur le terrain :nous travaillons 11 mois sur 12, pas comme dans les facultés.
Vous revenez aussi sur le problème récurrent de la pénurie de stages...
- C'est une réelle difficulté. Nous souhaitons une véritable reconnaissance pour les formateurs de terrain : qu'ils puissent se former, qu'ils aient du temps à consacrer au stagiaire, que leur travail d'encadrement soit reconnu par l'établissement.
- Nous voulons aussi que la démocratie soit améliorée dans nos filières : les étudiants doivent être représentés, à titre permanent et non pas lors d'auditions occasionnelles comme c'est le cas actuellement, dans les instances de concertation pédagogique de chaque établissement comme au plan national. Nous souhaitons ainsi participer à la nécessaire réflexion sur les nouveaux métiers qui émergent dans le champ du social, sur les nouvelles modalités de validation des acquis, etc. Il ne s'agit pas de s'y opposer a priori, ni de défendre uniquement des revendications corporatistes, mais de nous mobiliser sur les questions de société, comme le préconise d'ailleurs la loi de lutte contre les exclusions. Nos revendications prennent aussi en compte l'intérêt des publics avec lesquels nous travaillons.
Propos recueillis par Marie-Jo Maerel
(1) Tél. 06 81 62 63 42 - E-mail :
(2) Voir ASH n° 2190 du 24-11-00 ; n° 2192 du 8-12-00 ; n° 2194 du 22-12-00 et n° 2195 du 29-12-00.