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Risque, responsabilité, éthique dans les pratiques gérontologiques

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« S'il est vrai que la vieillesse confronte l'individu à une série de renoncements, l'ampleur de celle-ci ne doit pas faire oublier la dimension irréductible de la personne, de sa liberté et de sa dignité. » C'est en partant de ces « grands principes » et en constatant que « leur mise en œuvre n'est pas du tout évidente », que la Fondation de France a axé son programme « personnes âgées » sur les questions de dignité, de « droit au choix », de « droit au risque ». Huit groupes de travail pluridisciplinaires, alliant universitaires, personnels de santé, travailleurs sociaux, chefs d'établissements et (dans un cas) retraités ont été constitués - à Saint-Etienne, Grenoble, Lyon, Montpellier, Limoges, Angers, Rennes et Strasbourg - et se sont répartis les sujets de réflexion. Leurs responsables se sont réunis en un groupe national, animé par Alain Villez et Jean-Jacques Amyot, consultants en gérontologie, qui ont synthétisé leurs travaux. Cette méthode explique les grandes qualités de l'ouvrage - il ne jargonne ni ne théorise, mais part des difficultés et comportements constatés sur le terrain et ne les perd jamais de vue - et son petit défaut : un plan un peu « saucissonné ».

Pourquoi les risques de chutes ou de fugues sont-ils généralement surévalués alors que ceux liés à la perte d'intégrité psychique et sociale sont facilement minimisés ? Comment éviter que les prestations de maintien à domicile ne soient centrées que sur les seuls besoins primaires ? Jusqu'où la société peut-elle reconnaître aux personnes âgées le droit au risque mais aussi à une certaine forme de déviance ? Comment s'assurer du choix des personnes lors de leur entrée en établissement ? Comment prendre en compte l'avis des familles, mais aussi repérer l'effet pervers de la culpabilité dans le placement de leur parent ? La contention s'impose-t-elle aussi souvent qu'elle est pratiquée ? Est-elle irréversible ?Jusqu'où faut-il laisser un « vieux » dilapider son argent, cultiver des fréquentations désapprouvées par la famille (ou le personnel), refuser les soins, la nourriture ? Autant d'interrogations qui courent tout au long du livre.

Un éclairage sur le cadre juridique permet de préciser les limites de la responsabilité des intervenants ainsi que la contradiction qui existe, sur ce plan aussi, entre le devoir de soigner ou de protéger et le respect de la liberté des personnes. L'ouvrage insiste sur la nécessité de contractualiser à la fois le projet d'établissement, le cadre éthique, la nature des prestations et le projet de vie de chacun. Il souligne aussi l'importance du travail interdisciplinaire et du débat en équipe, à la fois pour décompresser, analyser les pratiques et adopter des règles de conduite adaptées à chaque cas.

Au total, quoique beaucoup de facteurs y poussent - la pression croissante des normes, la judiciarisation de la vie publique, l'allongement de la durée de vie, l'angoisse de la mort... -la tentation des pratiques sécuritaires doit être combattue. Et ce, grâce à une mise en question permanente du couple liberté/responsabilité et à une éthique de l'action. Mais aussi, finalement, grâce à une modestie qui place le soignant et l'accompagnant non pas en « sauveur tout-puissant » mais en aide éclairé et respectueux du « parcours de vie ».  M.-J.M.

Risque, responsabilité, éthique dans les pratiques gérontologiques - Jean-Jacques Amyot et Alain Villez - Ed. Dunod - 150 F.

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