Douze ans après leur apparition en France, les services de médiation familiale « cherchent à singulariser leur activité et revendiquent une reconnaissance officielle ». C'est la conclusion d'une enquête menée fin 1999-début 2000 auprès de 165 services en France métropolitaine, par le Comité national des associations et services de médiation familiale (CNASMF), à la demande de la délégation interministérielle à la famille (1).
Le congrès européen de médiation familiale de 1991 a été l'acte fondateur de cette pratique en France. En effet, ce n'est qu'à partir de cette date qu'elle se développe, avec l'ouverture de neuf services par an en moyenne. Majoritairement implantés dans les grandes agglomérations (86,5 % dans des villes de plus de 20 000 habitants), ceux-ci demeurent inexistants dans une quinzaine de départements et les DOM-TOM.
Une activité avant d'être un service
Malgré un développement rapide, « la médiation familiale [reste] d'abord considérée comme une activité avant d'être un service à part entière », soulignent les auteurs de l'enquête. Pour preuve, 52 % des services interrogés sont intégrés à l'ensemble des activités de leur association gestionnaire, la plupart d'entre eux ne disposent ni de budget ni de locaux indépendants. Et surtout, leur personnel est généralement détaché - à temps partiel - d'un autre service.
Le CNASMF insiste néanmoins sur le désir d'indépendance du secteur de la médiation familiale. Ainsi, 47 % des services se déclarent autonomes au sein de leur association. De plus, leur activité augmente et se diversifie : les médiateurs ne viennent plus seulement en aide aux couples qui se séparent, ils dénouent aussi les conflits entre grands- parents, enfants et petits-enfants (77 % des services), voire au sein des familles recomposées (60,5 %). C'est pourquoi les professionnels, qui ont en grande majorité suivi une formation spécifique à la médiation familiale (97 %), souhaitent se regrouper et travailler en réseau pour une meilleure reconnaissance de la singularité de leur activité et afin d'harmoniser les pratiques déontologiques. A cet égard, en effet, 20,5 %des services remettent le « projet d'entente » à des personnes autres que les parents (juges, avocats), « ce qui n'est pas en adéquation avec la déontologie de la médiation familiale », relèvent les auteurs. Lesquels précisent également que 32 % des personnes suivies sont adressées par les juges (2) et 24 % par les travailleurs sociaux.
Une fonction exercée par des femmes
Par ailleurs, dans un autre document (3), le CNASMF, à partir d'un questionnaire envoyé à 230 professionnels, dresse le profil-type du médiateur familial. Il s'agit d'une femme de 40 à 59 ans, titulaire du diplôme d'Etat d'assistant de service social et/ou d'éducateur spécialisé et dotée d'une longue expérience professionnelle (22 ans en moyenne). Elle a bénéficié d'une formation longue à la médiation familiale, la plupart du temps à l'Ecole des parents et des éducateurs d'Ile- de-France. Aujourd'hui, elle pratique cette activité en complément de son métier d'origine et y consacre 43 heures par mois. Chacune de ses médiations comporte en moyenne six entretiens de 2 heures 51, qu'elle mène parfois en duo avec un autre médiateur (37 % des personnes interrogées réalisent parfois les entretiens en co-médiation). Enfin, elle est supervisée par un psychanalyste rétribué par son employeur (toutefois 23 % des médiateurs ne bénéficient d'aucune supervision) et participe à des séances d'analyse de la pratique (27 % des médiateurs ne le font pas).
(1) Recensement des services de médiation familiale - Disp. au CNASMF : route d'Aunay - BP 82 - 14111 Louvigny - Tél. 02 31 29 18 80. Le CNASMF donne également les coordonnées de ces services dans son édition 2000 du Guide- annuaire de la médiation familiale - 50 F.
(2) Voir ASH n° 2191 du 1-12-00.
(3) Le profil du médiateur familial.