Deux ans après la lettre de Martine Aubry aux préfets, présentant, quelques mois après la loi de lutte contre les exclusions, les principes à retenir pour le dispositif d'accueil et d'hébergement d'urgence pendant l'hiver (1), la Fédération des associations pour la promotion et l'insertion par le logement (FAPIL) (2) a lancé, en novembre 2000, une mini-enquête auprès de ses membres pour faire le point.
Les 35 réponses remontées immédiatement confirment les carences dénoncées chaque année par les associations. Les structures d'hébergement temporaire sont saturées avant l'hiver, ce qui fait craindre une aggravation pour la période de grand froid. De plus, l'accueil d'urgence est inadapté, notamment pour les familles, trop souvent séparées.
Autre difficulté : la situation des demandeurs d'asile. Il faut parfois 6 à 12 mois d'attente pour obtenir une place dans les centres d'accueil des demandeurs d'asile, qui ne peuvent répondre aux situations d'urgence.
Enfin, il n'existe pas de lieux d'accueil adaptés pour les personnes les plus destructurées, déplore la fédération. Les nuitées d'hôtel, coûteuses, ne permettent aucun accompagnement. Pour André Gachet, président de la FAPIL, bien que les mêmes principes soient réaffirmés chaque année (3), « les directives de la ministre sont restées lettre morte ».
« L'engorgement des structures temporaires est lié à l'insuffisance des solutions de sortie vers le logement ordinaire », dénonce la FAPIL, qui préconise de « tout mettre en œuvre pour permettre l'accès au droit commun ».
Soulignant « l'implication très inégale des services sociaux selon les départements », la fédération réclame notamment une mobilisation des collectivités locales pour ouvrir les logements sociaux à d'autres catégories de population, l'assouplissement des délais d'hébergement, enfin la transformation de toutes les structures d'urgence en véritables lieux d'accueil et d'accompagnement social.
(1) Voir ASH n° 2095 du 27-11-98.
(2) FAPIL : Le Trident, bât A, 34, avenue de l'Europe - 38100 Grenoble - Tél. 04 76 40 63 99.
(3) Voir ASH n° 2188 du 10-11-00.