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Pensions de famille : le rôle primordial des encadrants

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Comment fonctionnent les « pensions de famille »  ? Le concept de ces établissements intermédiaires entre le foyer collectif et le logement individuel a été remis à l'honneur il y a une dizaine d'années, et réactivé par un appel à projets lancé, en avril 1997, par les ministères du Logement et de la Solidarité (1). Les pensions de famille sont destinées à des personnes en difficulté ne supportant pas la vie en foyer, ou n'en ayant pas besoin, mais incapables pour autant d'assumer l'autonomie et la solitude d'un domicile indépendant. 18 projets ont été retenus, à titre expérimental, dans ce dispositif qui ouvre droit à l'aide personnalisée au logement et au financement d'un « couple d'hôtes » par la direction départementale des affaires sanitaires et sociales à raison de 50 F par jour et par logement.

L'appel à projets se voulait ouvert et peu directif. Il avait, du coup, été jugé « flou » par certains intervenants sociaux qui s'interrogeaient sur la faiblesse de l'encadrement envisagé et se demandaient si « la convivialité pouvait tenir lieu d'accompagnement »   (2).

Petites et souples

A la demande de la Fondation Abbé Pierre (3), le cabinet Fors recherche sociale a tiré un premier bilan de l'expérience de huit associations (4). La moitié d'entre elles fonctionnent avec le label officiel et les quatre autres, souvent plus anciennes, hors de ce cadre mais dans le même esprit.

Qu'elles soient en ville ou à la campagne, toutes ont en commun leur petite taille, puisqu'elles comptent rarement plus de dix logements (alors que le plafond est fixé à 30). C'est l'une des conditions de la réussite de ces pensions de famille, estime l'étude, l'autre atout tenant à leur souplesse de fonctionnement, pour le public accueilli comme pour le temps d'intervention.

Contrairement à ce qui était espéré au départ, aucune structure ne mixe réellement les publics : les unes accueillent plutôt des adolescents et des jeunes adultes en rupture de famille, les autres des personnes de plus de 40 ou 50 ans avec un long passé d'errance. Expérience faite, et pour ne pas mettre en danger un équilibre toujours fragile, aucune pension de famille ne peut, non plus, recevoir les cas « lourds » - personnes alcooliques, toxicomanes, malades psychiatriques -, du moins « pas plus d'un à la fois ».

En l'absence de durée maximum d'accueil, la possibilité de « prendre le temps qu'il faut » est un avantage apprécié par les personnes hébergées, comme par les intervenants sociaux qui travaillent avec ces structures. Cette faculté permet de stabiliser des parcours jusque-là chaotiques, d'offrir une certaine sécurité, de consolider la santé, d'entamer une reconstruction psychologique.

Inconvénient : la faible rotation obligerait à multiplier les structures de ce type, qui semblent correspondre à un réel besoin, non pas tant pour les personnes « les plus fortement désinsérées » que pour les « isolés non complètement marginalisés ». Le public potentiel est sans doute plus large que celui envisagé au départ, notamment parmi les jeunes, estime l'étude. Les pensions de famille permettent à la fois l'apprentissage de la vie communautaire et familiale et un progrès vers la responsabilité et l'autonomie.

Un accompagnement quasi permanent

Mais tout cela repose sur un encadrement fort que les associations « ont, autant que possible, élargi à plus de deux personnes », note l'étude. Il s'agit moins souvent d'un couple d'hôtes que d'un binôme maître de maison-gardien, renforcé, faute de moyens, par des bénévoles. Ensemble, ils assurent une présence quasi permanente ainsi que des fonctions qui tiennent à la fois de l'intendance, de l'animation et de l'aide aux personnes. La qualité de leur intervention est liée « à leur disponibilité et à leur immersion dans la vie quotidienne » , à travers tous les actes de l'activité domestique.

« Catalyseurs de l'ambiance des lieux », les encadrants « jouent aussi un rôle primordial de régulation des relations et des tensions. » Selon l'étude, c'est autour d'eux que se crée la convivialité attendue des pensions de famille, beaucoup plus que « spontanément au sein des groupes ». Recrutés, « quels que soient leurs diplômes », d'abord pour « leurs qualités humaines et relationnelles », leur intervention apparaît, par rapport à l'action classique des travailleurs sociaux, « comme une forme complémentaire d'accompagnement des personnes  ». Certaines associations, surtout celles qui ont d'autres activités, donc plus de salariés, couplent d´ailleurs les deux types d'intervention.

L'étude conclut à l'intérêt de la formule pension de famille comme espace d'innovation pour des projets « à la carte », organisés autour de « l'élément central du maître de maison ». Elle suggère donc de compléter les financements pour élargir l'encadrement de structures qui doivent rester de toute petite taille pour être conviviales, donc efficaces.  M.-J.M.

Notes

(1)  Voir ASH n° 2020 du 26-04-97.

(2)  Voir ASH n° 2027 du 13-06-97.

(3)  Fondation Abbé Pierre pour le logement des défavorisés : 53, bd Vincent-Auriol - 75013 Paris - Tél. 01 53 82 80 30.

(4)   « Logis » à Raismes (Nord), « L'Auberge du Renard » à Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), « La Ferme solidaire » aux Molettes (Savoie), « Domino » à Civrieux d'Azergue (Rhône), « Julienne-Javel » à Chalezeule (Doubs), « Accueillir » à Maurepas (Yvelines), « Les Tilleuls » à Montfort-le-Gesnois (Sarthe), « Rivages » et « La Mie de pain » à Paris.

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