Alors que, durant ses annnées passées au gouvernement, Martine Aubry n'a jamais présidé les travaux du Conseil supérieur du travail social (CSTS) (1), Ségolène Royal n'aura attendu que quelques mois, après sa nomination comme ministre déléguée à la famille et à l'enfance, pour participer à l'une de ses séances de travail. Le 8 décembre, en effet, elle est venue devant les membres du conseil évoquer l'intérêt qu'elle porte à l'action des professionnels pour mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière d'enfance et de famille. Insistant sur leur rôle de « leviers importants » en la matière et rendant hommage au « travail difficile d'aide, de soutien et d'accompagnement » qu'ils accomplissent. Elle a d'ailleurs annoncé son intention de réunir l'année prochaine, sans plus de précision sur la date, « des assises nationales sur l'évolution des pratiques du travail social face aux mutations des familles » préparées en concertation avec le CSTS.
Mais la ministre déléguée ne s'en est pas tenue là. Elle a élargi son propos à la formation initiale et continue des travailleurs sociaux. En souhaitant en particulier que, sur la base du rapport demandé par la direction générale de l'action sociale et la délégation interministérielle à la famille sur la formation des travailleurs sociaux et le travail avec les familles (présenté lors de ce CSTS) (2), les dimensions de la politique familiale soient prises en compte dans les schémas des formations sociales. Ce fut l'occasion pour elle d'apporter son appui aux professionnels inquiets sur le financement de la formation, en espérant que l'Etat puisse, dès 2002, faire un effort « au moins aussi important que celui accompli au cours des dernières années » pour relever les quotas de places. De même, Ségolène Royal en a profité pour évoquer tour à tour le développement des nouveaux services, l'amélioration des qualifications, la validation des acquis professionnels... N'hésitant pas, sur le chapitre de la formation des travailleurs sociaux, à occuper la place laissée vacante par le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. On peut bien évidemment se réjouir qu'une ministre s'affiche enfin comme l'interlocuteur politique des professionnels. Encore faut-il que cela ne s'accompagne pas, comme certains le craignent déjà, d'un retour à une conception par trop familialiste et moralisante du travail social.
Par ailleurs, la réunion du CSTS a permis d'examiner, avant leur validation définitive le 1er février, les rapports des groupes de travail : « Ethique des pratiques sociales et déontologie des travailleurs sociaux » (voir ce numéro) et « Nouvelles technologies de l'information et de la communication et travail social » (3). Le deuxième document, rédigé sous la direction de Guy Romier, formule notamment une série de préconisations en vue « d'un investissement positif et maîtrisé de l'ensemble des acteurs du travail social dans les technologies de l'information et de la communication ». Des technologies, comme il le souligne, porteuses à la fois d'un risque pour la relation professionnels/usagers mais aussi de chance en termes d'accès à l'autonomie des citoyens. De l'avis même des membres du CSTS, ce rapport constitue surtout une « entrée en matière » sur un sujet encore mal exploré et dont la culture reste encore à acquérir (4). I.S.
(1) Dominique Gillot l'aura néanmoins représentée en février dernier - Voir ASH n° 2154 du 18-02-00.
(2) Relations avec les familles : quelles compétences ? Quelle formation ?
(3) Les rapports du CSTS seront publiés courant 2001 aux éditions ENSP.
(4) Pour plus de détails sur ce document, voir notre site Internet :