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Le salarié de la précarité

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 Explosion des statuts précaires (contrat à durée déterminée, intérim, stages et contrats aidés...) et développement du sous-emploi, notamment du temps partiel contraint... Depuis les années 70 et 80, la norme constituée pendant les « trente glorieuses » - le contrat à durée indéterminée à temps plein - s'est affaiblie et l'insécurité de l'emploi s'est faite grandissante. Une tendance portée par les entreprises, à la recherche d'une flexibilité accrue, mais également soutenue, de fait, par les pouvoirs publics, qui ont, par exemple, favorisé le recrutement sous des formes particulières d'emploi dans le secteur non marchand ou abaissé les cotisations sociales patronales sur le temps partiel. Avec quelles conséquences pour les salariés ? Le dernier livre du sociologue Serge Paugam, directeur de recherches au CNRS et membre de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, en dresse un tableau à la fois complet et glaçant. Il montre ainsi combien élargir la zone intermédiaire entre emploi stable et chômage, même dans le but de favoriser l'insertion et de faire reculer le chômage, ne va pas sans effets pervers : pour certaines catégories de salariés

- les moins qualifiés, les femmes, les jeunes... - le risque est grand, en effet, de se maintenir durablement dans ce segment périphérique. Autre point fort de l'ouvrage, l'étude de l'impact de la précarité professionnelle

- entendue à la fois comme l'insatisfaction dans le travail et l'instabilité de l'emploi - sur la vie conjugale et familiale : pour ceux qui ont à la subir, « la probabilité d'avoir de bonnes relations de couple, de bonnes relations avec leurs enfants et avec les membres de leur famille est chaque fois plus faible que pour les autres salariés », souligne l'auteur. Lequel s'attache à cerner la « disqualification sociale » qui touche les salariés précaires. Les acteurs sociaux en sont les premiers témoins, elle « ne commence pas avec le refoulement hors du marché de l'emploi », explique-t-il. Mais bel et bien dès que l'on maintient des travailleurs, contre leur gré, « dans une situation qui les prive de tout ou partie de la dignité que l'on accorde généralement à ceux qui contribuent par leurs efforts à l'activité productive nécessaire au bien-être de la collectivité : un moyen d'expression de soi, un revenu décent, une activité reconnue, une sécurité ».

C.G. Le salarié de la précarité -Serge Paugam - Ed. PUF - 149 F.

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