« La maladie d'Alzheimer et les démences en général nécessitent des efforts importants sur le plan quantitatif et spécifiques sur le plan qualitatif », estime le professeur Jean-François Girard, auteur d'un rapport sur ce sujet, remis le 22 novembre à Elisabeth Guigou (1). En France, 600 000 personnes sont atteintes de démence sénile, dont 350 000 de la maladie d'Alzheimer. Et, prévient l'ancien directeur général de la santé, « les prévisions sont unanimes pour annoncer un nombre croissant de malades dans les deux prochaines décennies ».
Jean-François Girard se prononce en faveur d'une pérennisation des centres locaux d'information et de coordination (CLIC), en cours d'expérimentation (2). En effet, estime-t-il, « la fonction stratégique de cette coordination [...] ne peut se contenter du volontariat de quelques réseaux associatifs et imposera un jour une institutionnalisation sous l'autorité des communes ». Le rapporteur réclame, par ailleurs, la création, dans chaque région, d'au moins un centre pluridisciplinaire spécialisé dans les troubles de la mémoire.
En matière de prise en charge, il préconise le développement de possibilités d'accueil de jour dans des structures non hospitalières, ainsi que des places d'hébergement temporaire « au sein des institutions de vie communautaire ». Cette dernière solution devant permettre d'apporter un soutien aux aidants familiaux et de constituer une « transition ménagée vers le séjour permanent en institution ». En outre, il plaide pour l'instauration d'unités d'accueil spécifique pour personnes démentes, d'une capacité de 10 à 15 places, dans les établissements pour personnes âgées. Ces recommandations, explique le professeur, sont destinées « à éviter la médicalisation excessive de la prise en charge de ces malades ».
Sur le plan financier, l'expert demande une allocation spéciale au bénéfice du conjoint ou des enfants qui assurent la prise en charge du patient. Cette prestation pourrait également concerner « l'entourage » qui apporte une aide lorsque la personne est placée en institution.
Enfin, Jean-François Girard souhaite qu'un enseignement sur les démences soit assuré dans les cycles de formation des professionnels et attend un meilleur financement de la recherche sur cette pathologie.
(1) Ce rapport avait été commandé l'an dernier par Martine Aubry - Voir ASH n° 2144 du 3-11-99.
(2) Voir ASH n° 2171 du 16-06-00.