« Hypocrisie » et « arbitraire » : à l'instar de la Ligue des droits de l'Homme (LDH) (1), nombre d'associations vont répondre à l'appel de la coordination des sans-papiers à manifester le 25 novembre, pour dénoncer à nouveau le traitement par les pouvoirs publics des étrangers demandeurs de titres de séjour. « Nous rencontrons beaucoup de difficultés à faire régulariser ces personnes - particulièrement les célibataires, en France depuis plus de dix ans - dans les préfectures et nous avons du mal à mobiliser le grand public sur une question qui est loin d'être réglée », déplore ainsi Dominique Noguère, présidente de la fédération parisienne de la LDH.
Celle-ci évoque notamment une « application désastreuse » de la loi Chevènement de mai 1998, à cause de circulaires « non publiées ». Entre autres conséquences : les familles dont les parents sont en situation irrégulière tout en ayant des enfants nés en France « sont laissées dans la clandestinité la plus totale, avec la bénédiction des autorités qui ni ne les éloignent ni ne les régularisent » (2) ; la durée d'obtention d'un visa long séjour a augmenté pour atteindre dix mois en moyenne ; enfin, « les titres de séjour sont accordés au cas par cas » par les préfectures, au mépris du principe d'égalité. Le nouveau contexte économique doit provoquer « une réflexion sur une autre politique de l'immigration », défend pour sa part le Groupe d'information et de soutien des immigrés (GISTI) (3), qui propose de recourir aux sans-papiers pour résorber les nouvelles pénuries de main-d'œuvre.
Par ailleurs, la LDH, le GISTI et la Cimade (4) accueillent favorablement le rapport rendu par le député Louis Mermaz la semaine dernière (5) sur les zones d'attente (où les étrangers sans visa ou en demande d'asile sont bloqués à leur arrivée) et les centres de rétention (dans lesquels les personnes condamnées à quitter le territoire attendent leur départ). « Honnête », selon la Cimade, il « éclaire des dérives très graves », apprécie la LDH. Toutefois ,ces associations regrettent qu'il ne remette pas en cause le système sur le fond. Elles revendiquent en outre une présence permanente dans les zones d'attente (seuls huit jours de visite par an sont accordés aujourd'hui) afin de mener un réel travail d'accompagnement des personnes. Et la Cimade attend qu'un décret, à paraître dans les prochaines semaines, permette clairement aux associations d'aider les étrangers à exercer leur droit dans les centres de rétention. Elle souhaite également que le gouvernement mette rapidement aux normes et ferme les centres dont les conditions d'accueil sont inacceptables.
(1) LDH : 27, rue Jean-Dolent - 75014 Paris - Tél. 01 44 08 87 29.
(2) Voir dans ce numéro, les conséquences sur le dispositif d'accueil.
(3) GISTI : 3, villa Marcès - 75011 Paris - Tél. 01 43 14 84 84 .
(4) Cimade : 176, rue de Grenelle - 75007 Paris - Tél. 01 44 18 60 50.
(5) Voir ASH n° 2189 du 17-11-00.