CMU : Médecins du monde dénonce les discriminations à l'égard des étrangers

Après Médecins sans frontières (1), c'est au tour de Médecins du monde (2) de présenter son premier bilan de la mise en œuvre de la couverture maladie universelle  (CMU). Dispositif qui représente, dans ses grandes lignes, « une réelle avancée » ayant permis de faire passer de 3 millions à 4,5 millions le nombre de personnes couvertes à 100 % pour leurs dépenses de santé. D'ailleurs, constat initial de l'association- fondé sur les observations réalisées au cours du premier semestre 2000 dans 19 de ses 32 centres d'accueil et de soins - le nombre de ses consultations en direction des plus démunis a baissé de 8 % par rapport à l'année précédente. Et cette tendance semble s'accélérer. Dans certaines villes, la diminution va même au-delà de 50 %, au point que quatre centres envisagent de fermer progressivement (Bourg-en-Bresse, La Rochelle, Metz et Montauban).

Médecins du monde, cependant, insiste sur les lacunes du dispositif. Ainsi, plus de la moitié ( 54,5 % ) des patients qui devraient relever de la couverture maladie de base ne l'ont pas. Pourquoi, s'interroge l'association, « alors qu'elle devait être délivrée immédiatement »   ?En outre, les étrangers, « à droit équivalent, l'obtiennent près de deux fois moins que les Français » . Quant aux patients étrangers en situation irrégulière, qui peuvent théoriquement être pris en charge par l'aide médicale d'Etat rénovée, 97,4 %n'en sont pas bénéficiaires. Ce qui conduit l'association à dénoncer un « vrai problème d'accès aux soins pour les étrangers », et notamment la mise en place d'un double système (CMU/aide médicale d'Etat) « qui se révèle de fait discriminatoire et compliqué  ». La domiciliation requise pour obtenir l'ouverture des droits à l'aide médicale, par exemple, constitue un obstacle. L'organisation souhaiterait la voir remplacer par une simple adresse postale. Et, réaffirmant « le même droit aux soins pour toute personne résidant en France, quelle que soit sa situation administrative », elle réclame l'extension de la CMU à tous, y compris aux étrangers sans papiers.