Hormis pour les ressortissants de l'Union européenne, moins exposés au chômage, l'accès à l'emploi des salariés étrangers, peu qualifiés, reste difficile. C'est ce qui ressort notamment de deux récentes publications du ministère de l'Emploi.
Même si la reprise de l'activité des dernières années a profité aux salariés étrangers, « il n'en demeure pas moins que la population étrangère reste majoritairement peu qualifiée, dans un contexte économique où les besoins actuels de main-d'œuvre favorisent plutôt la population qualifiée », relève la première d'entre elles (1) .
Certes, le taux de chômage des salariés étrangers est passé de 23,3 % à 20,9 % entre mars 1997 et mars 2000, mais il reste « largement supérieur à celui des Français ».
En outre, les salariés étrangers demeurent cantonnés dans des emplois peu qualifiés, notamment dans l'industrie et la construction (40 % d'entre eux), mais également, de plus en plus, dans le secteur tertiaire où ils représentent aujourd'hui 26 % des salariés (contre 18 % en 1985). Ce sont les services aux particuliers (services personnels et domestiques, hôtellerie-restauration) qui figurent désormais, avec le commerce, au premier rang des activités tertiaires employant le plus d'étrangers, en particulier les femmes. Pour ces dernières, cinq professions concentrent la moitié des salariées : agents d'entretien, employées de maison, assistantes maternelles et agents de gardiennage et de sécurité. En 15 ans, la part des assistantes maternelles est passée de 2 à 8 % de l'effectif féminin total de nationalité étrangère.
Même si le taux de non-qualifiés a diminué de six points depuis 1985, les étrangers accèdent toujours peu à des postes très qualifiés en raison d'une formation de base inférieure à celle des nationaux, poursuit le ministère. De ce fait « plus vulnérables », les étrangers travaillent davantage en contrat à durée déterminée ou en intérim (13,4 %) et à temps partiel (19 %) que les Français (9,6 % et 16 %).
Une précarité accrue pour les étrangers et les Français originaires d'un pays non européen
Avec un taux de chômage d'environ 30 %, la précarité est encore plus forte pour les ressortissants de pays non européens, complète la seconde étude (2). Ils retrouvent plus difficilement un emploi, tout comme les Français dont les parents n'étaient pas européens. En effet, leur taux de sortie du chômage en un an est de 45 % contre 64 % pour les étrangers européens. Les immigrés de la deuxième génération sont autant pénalisés dans leur recherche d'emploi que leurs parents. Le ministère constate aussi que la réinsertion des chômeurs d'origine non européenne est plus délicate pour ceux qui sont de nationalité française que pour ceux qui ont conservé leur nationalité d'origine, les premiers « se montrant plus exigeants » quant aux emplois offerts (salaires, conditions de travail...). En revanche, « les chômeurs d'origine ou de nationalité européenne réussissent à quitter le chômage plus rapidement que les Français nés de deux parents français » . Leur réinsertion, observe l'étude, repose sur un meilleur niveau de qualification ouvrière et sur un fort appui de la famille ou des relations personnelles lors de la recherche d'emploi.
(1) DARES, Premières informations n° 46-1 - Novembre 2000.
(2) DARES, Premières informations n° 46-2 - Novembre 2000.