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« Des droits d'acteurs pour “nos” enfants ! »

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A la veille de la journée des droits de l'Enfant, Laurent Ott, enseignant et éducateur (1), lance un appel pour encourager la participation des enfants à la vie sociale.

« La journée du 20 novembre approche et, avec elle, l'habituelle accumulation de dossiers sur la situation de l'enfance et la lutte contre les maltraitances. Elle ne peut que s'accompagner d'une inépuisable revendication : plus de protection, plus de droits, plus de biens pour les enfants.

« Il est pourtant des droits d'enfants qui se raréfient en France. Prenons, par exemple, le droit de fréquenter des espaces publics : jamais les enfants n'y ont été autant mal vus ; jamais leur présence, même accompagnés par de vrais professionnels, n'y a été autant surveillée, encadrée, limitée par mille réglementations tatillonnes et dissuasives. Le “plan vigie pirate“ (mesures de sécurité imposées aux collectivités, notamment aux écoles, datant de 1987), par exemple, continue d'exclure les enfants des écoles de toute éducation aux transports en commun. En effet, il est toujours interdit aux enseignants des zones urbanisées d'emprunter, pour des sorties, les transports collectifs ordinaires et de proximité. Outre le fait que les transports privés coûtent beaucoup plus cher, réduisant les possibilités de sortir, c'est, à travers l'éviction de l'apprentissage des transports en commun pendant l'enfance, toute éducation à la ville et donc à la vie en société (en commun) qui est compromise ! On ne s'étonnera plus dès lors des incivilités quand les enfants devenus adolescents seront dans ces transports livrés à eux-mêmes... Qui s'inquiète, pourtant, de l'arrivée d'une “génération vigie pirate“ dans la société ?

« Et s'il n'y avait que cela ! On pourrait relever les innombrables obstacles qui limitent aujourd'hui les initiatives éducatives. Les mêmes sorties scolaires sont également en danger de disparaître suite aux réglementations internes excessives de l'Education nationale et aux nombreuses mises en examen de professionnels... Les organisateurs de séjour, de camps itinérants, et même de loisirs pour enfants et adultes handicapés, ne vont-ils pas remettre en cause leurs initiatives, suite aux récentes décisions de contrôle renforcé et de fermeture autoritaire de centres ?

« Bref, à force d'être protégés par de nombreuses lois, les enfants d'aujourd'hui ne sont-ils pas de plus en plus enfermés dans un environnement sans cesse réduit ? A force d'être protégés, ils sont finalement de plus en plus exclus de la vie publique, en dehors de la famille et de leurs institutions. Or, ces familles sont elles-mêmes en proie au processus de réduction et donc loin de pouvoir compenser ces pertes.

« Qu'en est-il de nos jours, pour “nos“ enfants, du droit de sortir de chez soi, de fréquenter des espaces publics, de rencontrer des hommes et des femmes au travail, de faire entendre et aboutir leurs propres initiatives dans les domaines de l'environnement et du développement solidaire qui les préoccupent ? Quel pouvoir leur donne-t-on de choisir les jeux et les installations qui leur sont destinés ? Qu'en est-il, par ailleurs, d'autres droits pas très exorbitants, mais finalement toujours autant prohibés, comme celui d'exprimer sa capacité de choisir avec quels adultes vivre, travailler et jouer ?

« Il me semble urgent de renouveler l'approche des droits de l'enfant et de sortir de la vision charitable et misérabiliste qui reste attachée au petit d'homme. Ce n'est pas tant de protection que d'actions et de participation à la vie sociale dont les enfants d'aujourd'hui ont besoin ! Il n'est pas tant question ici de droit des consommateurs, que de celui des acteurs. Or, dans l'ère d'isolement, de solitude et de dilution des liens sociaux que nous vivons, n'est-ce pas d'enfants sociables, acteurs et soucieux d'autrui, dont l'avenir a besoin ? Alors qu'on fait de plus en plus appel à la citoyenneté des enfants et des parents, à quel contenu concret de participation citoyenne peuvent-ils prétendre ? Si on ne répond pas à cette question, on risque fort de réduire le recours à la citoyenneté à une vaine invocation. »

Notes

(1)  Président de l'association Intermèdes : 28, rue des Marguerites - 91160 Longjumeau - Tél. 01 64 48 60 61 - Auteur des Enfants seuls (Ed. Dunod)  - Voir ASH n° 2155 du 25-02-00.

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