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Pour une reconnaissance des centres maternels

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Au lieu de créer de nouvelles structures d'accueil des parents avec leurs enfants, mieux vaudrait offrir un cadre législatif adapté aux centres maternels, plaide Jean Georges Kergosien, responsable de centre (1).

« La presse spécialisée se fait l'écho, depuis quelques mois, de projets ou de réalisations ”d'établissements d'accueil de parents avec leur (s) enfant (s) ”, avec pour objectif annoncé ”d'aider les parents à exercer leurs compétences parentales...”. Ce thème de l'aide à l'exercice de la parentalité comme vecteur principal du soin à l'enfant et de sa protection s'impose comme une idée essentielle [...]. Nous devrions donc nous réjouir de voir partager le souci que nous mettons en œuvre dans notre activité au sein d'un centre maternel. Et pourtant ce n'est pas le cas. A certains moments même, une saine colère nous anime.

« A parcourir rapidement l'histoire des maisons maternelles, devenues centres maternels en 1984, nous pouvons prendre la mesure de l'inadéquation entre le cadre juridique et réglementaire et les pratiques actuelles d'accueil et d'accompagnement. Notre centre maternel a été ouvert en 1973 pour accueillir des femmes seules, isolées dira la loi en 1975, conformément à la tradition des politiques sociales et familiales qui protègent l'enfant et la femme/mère seule. L'évolution de notre société et des relations entre les hommes et les femmes, l'image de la famille, l'accès des jeunes adultes à la sexualité et au couple ont modifié la donne. On aurait pu croire que, profitant de la loi particulière de 1986, le législateur adapterait le cadre légis- latif et réglementaire à cette évolution des mœurs et au fait que la femme isolée devenait “rare” au profit de jeunes couples fragiles avec un enfant né ou à naître.

« Chaque année, nous vivons davantage cette ambiguïté : officiellement nous existons pour accueillir des jeunes femmes seules avec leur enfant ; en réalité, au lieu des 12 jeunes femmes avec leurs enfants, nous accompagnons 10 jeunes couples avec chacun leur enfant. Deux situations seulement répondent à l'ensemble des critères de la légalité des prises en charge en centre maternel. Ainsi, sur les 24 derniers accueils, seuls six jeunes hommes sont inconnus de nous sans relation avec la jeune femme depuis l'annonce de la grossesse. Plus précisément, sur ces 24 situations, huit voient le père et la mère exercer conjointement l'autorité parentale.

« Notre pratique quotidienne ne peut ignorer ces jeunes hommes ne serait-ce qu'au nom de l'enfant qui réside au centre et “possède le droit de connaître ses deux parents et de vivre avec eux” autant que ceux-ci le désirent pour lui et dans les formes qu'ils choisissent. Cet accompagnement, qui va du conseil éducatif, administratif, juridique à la démarche faite en commun [...] se fait “à notre bon cœur”, sans autres moyens que ceux attribués pour notre habilitation à recevoir 12 jeunes femmes et 10 bébés. Mais bien plus, cet accompagnement autorisé par notre association ne recueille pas les mêmes appréciations selon les centres départementaux d'action sociale (CDAS), les conseillers techniques, voire, au sein d'un même CDAS, entre les différents travailleurs sociaux.

« Nous comprenons ces distorsions, conséquences d'un cadre législatif et réglementaire obsolète, mais nous attendons du législateur une modification de la loi afin de répondre aux besoins actuels et à ce souhait de jeunes parents fragiles d'être aidés dans l'exercice de leurs compétences parentales. A défaut, nous souhaiterions une décision courageuse et novatrice de nos conseils généraux au nom de leurs compétences en matière d'aide sociale à l'enfance et de leur droit à faire mieux et plus que ce que la loi rend obligatoire, bref au nom de leur pouvoir réglementaire.

« S'il advenait une reconnaissance du travail engagé par notre équipement et plus largement par les centres maternels, alors nous nous réjouirions de voir apparaître tous ces projets nouveaux d'accompagnement des parents dans l'exercice de leurs compétences. Collectivement le secteur des institutions sociales et médico-sociales pourrait se réjouir d'avoir participé à une avancée réelle du droit des usagers et à la satisfaction de leurs besoins. »

Notes

(1)  Centre maternel Rose des Vents : 7, rue Alexandre-Duval - 35000 Rennes - Tél. 02 99 35 05 65.

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