Dans sa dernière livraison d'Economie et statistique (1), l'INSEE constate que chômage et inactivité s'accompagnent d'une surmortalité pour les hommes comme pour les femmes (2). Ainsi, la mortalité d'un chômeur est de trois fois supérieure à celle d'un actif occupé du même âge et celle d'une chômeuse de deux fois.
Les raisons de cette inégalité devant la mort sont globalement liées à l'état de santé déficient des intéressés, qui peut être à l'origine du chômage mais également être provoqué par celui-ci. Pauvreté relative, isolement social, ou perte d'estime de soi : autant de facteurs qui, selon l'étude, expliquent ce surcroît de mortalité. Si la situation perdure, la diminution de leurs revenus peut conduire les chômeurs à restreindre leurs dépenses, entraînant des effets directs sur leur alimentation et donc sur leur santé. Cette persistance du chômage s'accompagne également souvent de troubles psychologiques pouvant amener à des comportements à risque (alcoolisme, tabagisme, etc.) et dans les cas extrêmes, au suicide.
Au-delà de son effet sur la santé, le chômage peut, selon l'INSEE, jouer le rôle d'un « catalyseur » :l'instabilité financière et psychologique qui en découle risque de mettre au jour des fragilités latentes qui n'auraient pas altéré la santé ni provoqué la perte de l'emploi en période de travail et de vie stables.
Enfin, l'étude s'intéresse de près à la surmortalité des femmes inactives, moins marquée que pour les hommes. Elle note ainsi que le phénomène est plus présent en cas d'absence de diplôme ou d'activité antérieure. La surmortalité pourrait alors provenir d'une « méconnaissance des règles de prévention, ainsi que d'une moindre vigilance sur la santé en l'absence d'appartenance à un réseau social ».
(1) INSEE - Economie et statistique, n° 334 - 2000-4 - 46 F.
(2) Etude menée sur un échantillon de 40 000 à 100 000 personnes d'âge actif, recensées en 1975,1982 et 1990.