La baisse d'activité de Sida info service traduit la banalisation de l'épidémie

Les appels vers la ligne Sida info service- numéro vert :0 800 840 800 - ont diminué d'un quart en 1999 par rapport à l'année précédente, passant d'un peu plus d'un million à 782 000. Une baisse qui provient en partie d'un changement dans la façon de mesurer les appels, mais pas seulement. L'association y voit le signe de « la poursuite de la banalisation de l'épidémie », encouragée par l'amélioration de la santé des personnes atteintes et la moindre mobilisation associative et médiatique. Une banalisation « d'autant plus inquiétante que cette impression de sécurité face au sida n'est pas accompagnée d'une mise en place constante des gestes de prévention », s'alarme l'association dans son rapport d'activité pour 1999 (1).

Le nombre des appelants touchés par le virus régresse également. Ceux-ci ne représentent plus que 6,7 % des entretiens (7,5 %en 1998), le plus faible taux depuis la création du service. Cependant, les appels des personnes atteintes très récemment se stabilisent et ceux des porteurs du virus depuis six à dix ans progressent sensiblement. « Ce sont les personnes les plus susceptibles de rencontrer des difficultés thérapeutiques importantes (voire des échappements) qui ont le plus recours au numéro alors que dans le même temps, le besoin d'information et de soutien des personnes nouvellement contaminées reste identique », explique l'association. Les moins de 20 ans appellent également de moins en moins. Cette tendance vient confirmer le sondage d'opinion réalisé par Sida info service à l'occasion de la journée mondiale contre le sida du 1^er décembre 1999, qui faisait apparaître que les jeunes se sentent personnellement peu exposés (2). Toutefois, les très jeunes filles  (moins de 15 ans) contactent davantage le service que les garçons. Tandis que d'une façon générale, les deux tiers des personnes recourant au numéro vert sont des hommes. Les questions tournent principalement autour de la transmission et du dépistage.

Plusieurs autres lignes sont venues, au fil des ans, compléter Sida info service. C'est le cas de Sida info droit (0 801 636 636) qui a traité 2 200 appels l'an dernier. Les préoccupations concernant les assurances, les droits sociaux et le droit du travail sont à l'origine de 60 % des appels. « Avec l'évolution des thérapies, les projets à moyen et long terme se multiplient et se heurtent trop souvent à de réels obstacles :inassurabilité liée à des prêts, discrimination dans le monde professionnel, complexité des droits sociaux », relève l'association. Parmi les autres indicateurs inquiétants, figurent les situations de précarité matérielle, qui concernent plus de 5 % des personnes atteintes qui appellent. De même que les situations d'endettement chronique et les difficultés à se maintenir dans son logement ou à en trouver un. Autant de données qui confirment la dernière enquête réalisée par Aides (3).