« L'Etat n'honore pas ses engagements financiers ! » Les associations parisiennes d'accueil et d'hébergement d'urgence, réunies au sein du Collectif solidarité Paris (1) ont dénoncé, le 11 octobre, le « véritable scandale » que constitue « la gestion catastrophique des pouvoirs publics qui place certaines d'entre elles en situation de cessation de paiement ». Les retards de versement des subventions au titre de la ligne budgétaire « Pauvreté et précarité » pour 2000 atteignent fréquemment neuf mois. L'Association Emmaüs, par exemple, attend encore 33 millions de francs (sur 42 dus), le Centre d'action sociale protestant, 28 millions (sur 34) et la Fondation de l'Armée du salut, 25 millions (sur 34). Cette dernière souligne d'ailleurs que les 3,7 millions de francs d'agios bancaires qu'elle a dû acquitter depuis 1997 du fait des retards de paiement de l'Etat auraient permis le fonctionnement d'un centre d'accueil de 50 lits pendant une année.
A ce cri de colère, ces organisations ajoutent, cette année encore (2), un cri d'alarme quant à la couverture des besoins en hébergement d'urgence dans la capitale. La loi de lutte contre les exclusions ou encore l'augmentation considérable du budget « Pauvreté et précarité » pour Paris (3) n'y ont rien changé : la campagne d'hiver qui commence « laisse craindre le pire » . « La population à la rue croît dans des proportions insoupçonnées et [...] les associations doivent absorber des phénomènes nouveaux, dont l'accueil de familles entières notamment », pointent les membres du collectif. Ceux-ci demandent en particulier des moyens financiers supplémentaires, ainsi que la prise en compte, par les pouvoirs publics, de la nécessaire souplesse que requiert la réponse à l'urgence : « Quand bien même nous sommes persuadés qu'il faille organiser et planifier une action humanitaire et sociale de l'ensemble des acteurs, l'adaptation constante aux problématiques rencontrées doit remplacer toute planification programmée, qui voit chaque proposition de plan dépassée par le constat des besoins dès lors qu'elle est mise en œuvre. »
(1) C/o La Mie de Pain : 18, rue Charles-Fourier - 75013 Paris - Tél. 01 45 89 43 11.
(2) Voir ASH n° 2129 du 20-08-99 et n° 2136 du 8-10-99.
(3) Il est passé de 95 à 242 millions de francs de 1996 à 2000.