La « démission des parents », cause de la délinquance des « petits sauvageons » ? La thèse, qui fait florès depuis les années 90 dans certains milieux, est démontée par une étude du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip) (1). A la demande de la caisse nationale des allocations familiales, l'auteur a synthétisé 15 années de recherches sur les relations entre familles et délinquances, publiées par des sociologues, ethnologues, psychologues, criminologues et psychiatres aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Canada, en France, Suisse et Belgique.
« Il apparaît d'abord sans ambiguïté que si les divorces, séparations, situations familiales monoparentales et recomposées, constituent des sources de souffrance [...], il n'existe aucun lien direct et significatif entre [cette dernière] et les comportements délinquants ou violents », selon l'auteur. Celui-ci distingue ensuite deux types de délinquance : celle qui apparaît dès la petite enfance, et celle qui ne se manifeste qu'à partir de la pré-adolescence.
Dans le premier cas, des dysfonctionnements familiaux (tels que la perversité de la mère, le père incestueux, la maltraitance, etc.) sont une cause directe de désordres psychologiques conduisant certains enfants à des délits ou des crimes. Par contre, « la plupart des familles dont les enfants deviennent délinquants [plus tardivement] ne présentent aucune caractéristique significative de dysfonctionnements affectifs ». Et le chercheur d'expliquer que certains parents sont incapables d'encadrer leur jeune adolescent car ils se trouvent dépassés par les forces socio-économiques. Ces dernières (mauvaise réputation du quartier, racisme, chômage...) deviennent alors « les facteurs les plus déterminants dans la fabrique de la délinquance ».
(1) « Familles et délinquances : un bilan pluridisciplinaire des recherches francophones et anglophones » - Laurent Mucchielli - Etudes et données pénales n° 86 - Disp. sur demande écrite au Cesdip : Immeuble Edison - 43, boulevard Vauban - 78280 Guyancourt - Fax : 01 34 52 17 17 - 38,76 F.