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Des discriminations persistantes à l'égard des personnes séropositives

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Si la plupart des personnes atteintes du virus du sida ont aujourd'hui de meilleures perspectives thérapeutiques, sociales et professionnelles, elles restent toujours victimes de discriminations dans tous les domaines de la vie quotidienne. Cela concerne en particulier les femmes, les étrangers et les usagers de drogues. C'est ce qui ressort d'une enquête rendue publique par l'association Aides (1), à l'occasion de ses XIIIe assises, tenues à Lyon du 6 au 8 octobre. L'institut Ipsos a interrogé, en mai-juin derniers, 1 007 personnes en contact avec les services de Aides, en France métropolitaine et en Guyane.

Dans l'ensemble, les personnes sondées sont satisfaites des traitements anti-VIH  : 75 %estiment qu'ils « améliorent leur bilan de santé » et 46 % « peuvent envisager l'avenir avec plus d'optimisme ». Mais si l'immense majorité fait confiance à son médecin, 21 % des répondants déclarent cependant « avoir rencontré des discriminations, refus, ou difficultés de soins » . Par ailleurs, cinq personnes sur dix perçoivent moins de 5 000 F par mois et l'allocation aux adultes handicapés (AAH) constitue la principale ressource pour trois personnes sur dix : cette précarité économique n'est pas nouvelle et « va en s'accroissant dans nos enquêtes, depuis 1997 », précise Aides.

Autre fait inquiétant : «  L'augmentation constante des licenciements et des démissions liées à un refus d'adaptation du poste de travail ou à la pression exercée sur le salarié » (28 % en 2000 contre 23 % en 1997). Aujourd'hui, seulement 37 % des personnes interrogées travaillent. Mais parmi les sans-emploi, la grande majorité exprime une demande forte de réinsertion professionnelle (2). En ce sens, la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) semble être un outil assez efficace puisque quatre personnes séropositives sur dix l'ont demandée, 74 % l'ont obtenue et 30 % ont pu retrouver un emploi grâce à elle. En revanche, les personnes séropositives ont plus de difficultés à obtenir l'AAH (un tiers des demandeurs ont essuyé un refus) et la couverture maladie universelle de base (22 %d'échec). Enfin, 30 % des personnes interrogées déclarent avoir rencontré des problèmes juridiques du fait de leur séropositivité, en particulier pour contracter des prêts, accéder à une mutuelle, décrocher un emploi ou gérer un endettement.

Les femmes bénéficient moins de la trithérapie que les hommes

Ces discriminations sont plus ou moins fortes selon le sexe, l'origine et l'usage ou non de drogues. Ainsi, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à se trouver au chômage (69 % contre 60 %), à percevoir des aides de l'Etat (CMU de base, AAH, RQTH) et à connaître des difficultés pour obtenir ou conserver un logement. Pire, ces dernières se disent deux fois plus souvent que les hommes victimes de discriminations concernant l'accès aux soins. De fait, 21 % des femmes (contre seulement 9 % des hommes) sont toujours en bithérapie, alors que la trithérapie est reconnue plus performante contre la maladie.

Les étrangers affirment également plus que les autres être l'objet de ségrégation en matière de soins et se trouver confrontés à des problèmes juridiques à cause de leur séropositivité. Pour leur part, les usagers de drogues disposent de revenus beaucoup plus faibles que les autres populations (31 % gagnent un salaire mensuel inférieur à 3 000 F, 48 % ne disposent que de l'AAH), rencontrent souvent des refus de soins, et ont davantage de problèmes pour contracter une mutuelle, une assurance ou un prêt bancaire.

Au final, parmi les personnes interrogées, les hommes sont dans la situation la plus « favorable »  : ils sont mieux suivis médicalement, « surtout si leurs niveaux d'études et de revenu sont élevés  », précise l'enquête...  « Encore faut-il nuancer cela dans la mesure où les hommes homosexuels déclarent être plus souvent victimes de discriminations ou de refus de soins », ajoutent les auteurs. Une affirmation qui paraît contredite par l'étude publiée à la même date par l'Institut de veille sanitaire (InVS) dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire   (3)  : les hétérosexuels seraient moins bien traités par antirétroviraux avant la déclaration de la maladie que les autres hommes. Toujours selon l'InVS, le sida a entraîné la mort d'environ 35 000 personnes en France depuis le début de l'épidémie en 1978. Il estime le nombre de personnes atteintes du sida entre 21 000 et 23 000, à la fin décembre 1999.  P.D.

Notes

(1)  Aides : 23, rue du Château-Landon - 75010 Paris - Tél. 01 53 26 26 26.

(2)  Voir ASH n° 2169 du 2-06-00.

(3)  N° 38/2000 du 19 septembre 2000 - « Surveillance du sida en France ».

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