Si la couverture maladie universelle (CMU) a amélioré l'accès aux soins des plus démunis, les Français restent inégaux devant la couverture complémentaire maladie. C'est ce qui ressort de l'analyse du contenu des contrats de couverture complémentaire maladie en France - y compris celle de la CMU -, réalisée pour la première fois par le Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (Credes) (1). Cette recherche, rendue publique le 5 octobre, s'appuie sur des données récoltées auprès de 2 000 personnes à l'occasion de son enquête santé protection sociale 1998 (2).
Le Credes s'est surtout penché sur les remboursements des soins optiques et dentaires. « En effet, le débat sur la couverture maladie universelle a montré que toute personne devait avoir accès à ces biens que la couverture obligatoire ne garantissait pas », justifient les auteurs. A cet égard, ils démontrent que si la complémentaire CMU remplit cet objectif, une bonne part des contrats n'y parvient pas. Ainsi, les remboursements proposés dans le cadre de la CMU sont, en optique, meilleurs que ceux offerts par un tiers des autres complémentaires et en dentaire, plus favorables que 40 % des contrats.
L'étude distingue ensuite quatre catégories de conventions selon la qualité de leurs remboursements. Les plus « faibles » d'entre elles, qui offrent donc souvent des garanties moins intéressantes que la complémentaire CMU, sont contractées en grande majorité par des personnes « pauvres » (65 %). Ainsi, 59 %des ouvriers non qualifiés, 53 % des artisans et commerçants, 47 % des ouvriers qualifiés et 46 % des agriculteurs disposent d'une couverture nulle ou faible.
Une inégalité devant la complémentaire maladie accrue par le fait que les salariés précaires, les chômeurs et les retraités accèdent rarement aux contrats collectifs, obtenus par l'intermédiaire des entreprises.
(1) « La complémentaire maladie en France : qui bénéficie de quels remboursements ? - Résultats de l'enquête santé protection sociale 1998 » - Questions d'économie de santé n° 32 - Octobre 2000 - Disp. au Credes : 1, rue Paul-Cézanne - 75008 Paris - Tél. 01 53 93 43 02 - 30 F.
(2) Voir ASH n° 2054 du 16-01-98.