« Comment vit-on lorsqu'on vit avec peu ? » C'est la question que pose le dernier numéro d'Informations sociales (1). Mesurer la pauvreté pour mieux adapter les politiques d'aide sociale passe entre autres par l'analyse des budgets des plus démunis. Au-delà des études statistiques, forcément partielles et d´un relatif intérêt pour les travailleurs sociaux, le dossier laisse davantage la parole aux sociologues et aux économistes. Ces derniers analysent finement les ressources propres à ces familles : les revenus insuffisants et irréguliers des « petits boulots », d'une part, qui enferment les personnes, particulièrement les femmes, dans l'engrenage de la précarité et dans des professions sans promotion ni carrière. D'autre part, les plus démunis sont contraints d'inventer d'autres formes de « richesses » à travers les réseaux d'échanges informels : jardins familiaux, aide scolaire associative, logements « autoproduits »... toute une économie qui fait appel à une solidarité certes, mais avant tout familiale, qui comporte des risques d'enfermement.
Comment, dès lors, adapter la politique sociale ? Faut-il distribuer de manière inégalitaire les prestations ou rechercher l'accès de tous aux droits sociaux fondamentaux ?s'interrogent les auteurs. Plus original, un sociologue analyse les relations triangulaires entre personnes démunies, travailleurs sociaux et institutions, et en particulier la façon dont « l'argent social » circule entre eux.
(1) « Budgets précaires » - Informations sociales n° 86 - Disp. à la caisse nationale des allocations familiales : 23, rue Daviel - 75634 - Paris cedex 13 - Tél. 01 45 65 52 52 - 30 F.