C'est sous le signe de l' « optimisme » que l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS) (1) a rendu publique, le 19 septembre, sa traditionnelle enquête annuelle sur les enfants en danger -c'est-à- dire maltraités ou dont les conditions d'existence risquent de mettre en péril leur santé, leur sécurité, leur moralité, leur éducation ou leur entretien.
La prévention porte ses fruits
Ainsi, en 1999, 83 500 signalements à l'aide sociale à l'enfance (ASE) ou à la justice ont été effectués, soit une progression de 500 seulement par rapport à l'année précédente. Cette stabilisation, qui confirme une tendance amorcée en 1998 (2), apparaît d'autant plus remarquable « que la permanence des efforts engagés depuis 1996 pour mieux repérer les enfants en danger ne [s'est] pas relâchée et que la persistance des problèmes de fond de notre société (délitement du lien social, précarité des repères et des perspectives) [est] bien réelle ». Elle correspond à la fois à une faible régression du nombre d'enfants maltraités (18 500 en 1999, contre 19 000 en 1998), et à une hausse modérée des enfants « en risque » (65 000 contre 64 000). « Alors que ces dernières années, c'est la progression de cette dernière catégorie d'enfants qui inquiétait considérablement les pouvoirs publics. »
Pour expliquer cette tendance globale à la stabilisation, l'ODAS avance « l'impact croissant des démarches de prévention engagées en amont du signalement ». La sensibilisation des divers professionnels en contact avec les enfants , par exemple, les amène à mieux repérer les signes avant-coureurs et à proposer des actions collectives (aide aux devoirs, création d'espaces parents-enfants...) permettant d'éviter les signalements. Une vigilance accrue qui se traduit aussi par l'accentuation de la baisse de la judiciarisation des situations, également esquissée en 1998. Elle porte désormais sur 57 %des signalements, contre 59 % l'année précédente.
Concernant spécifiquement la maltraitance, la régression des signalements d'abus sexuels en 1999 (4 800, contre 5 000 en 1998) apparaît comme l' « élément le plus significatif » de l'année. Elle confirme la tendance amorcée en 1998. Mais l'ODAS ne manque pas de relever la corrélation entre cette baisse et des campagnes de sensibilisation moins marquées qu'en 1996 et 1997. Ce qui l'amène à tempérer son optimisme : « On peut y voir la nécessité d'accentuer à nouveau dans les prochaines années des efforts de vigilance sur cette question, ce qui pourrait entraîner à nouveau une hausse du nombre de signalements. »
Les problèmes relationnels plus dangereux que les difficultés matérielles
Nouveauté, cette année : l'observatoire a recueilli des informations sur les problématiques familiales les plus fréquemment citées comme causes de danger dans les signalements. Et souligne « le caractère particulièrement prégnant des problématiques à caractère relationnel ».
Ainsi, les trois quarts des départements considèrent que les carences éducatives sont les plus dangereuses potentiellement. En revanche, les difficultés financières, de chômage, de précarité ou d'habitat « ne sont citées généralement que comme causes secondaires et de façon extrêmement minoritaire ». De sorte qu' « en matière de protection de l'enfance, la prévention devra porter principalement sur le soutien et le développement des capacités parentales », insistent les rapporteurs. Lesquels pointent toutefois que « le suivi des familles des enfants sur le plan psychiatrique s'apparente à un parcours du combattant », étant donné les carences dans la couverture des secteurs psychiatriques dans tous les départements. « On le voit encore une fois, la protection de l'enfance ne peut être la seule affaire des services de l'ASE et des services de justice. Elle concerne l'ensemble des acteurs publics, parapublics et privés », concluent-ils.
Un rappel opportun à la veille de la journée nationale de l'enfance maltraitée, organisée le 26 septembre. C.G.
(1) ODAS : 37, bd Saint-Michel - 75005 Paris - Tél. 01 44 07 02 52.
(2) Voir ASH n° 2133 du 17-09-99.