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De la dérive des « raves »...

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« Face à l'errance et à la dérive des jeunes, à quand des réponses publiques cohérentes ? », s'impatiente François Chobeaux. L'animateur du réseau national « Jeunes en errance », directeur des politiques sociales aux CEMEA (1), souhaite la mise en place d'un groupe de travail national centré sur ces questions.

« Carhaix, festival des Vieilles charrues, mi-juillet : plusieurs milliers de ravers, de jeunes en dérive estivale et de zonards sur les parkings. Pas de prise en compte de cette réalité par les organisateurs alors qu'elle était pourtant connue et anticipée. Pas de réponses publiques cohérentes et coordonnées. Bricolage humanitaire, et filtrages par la gendarmerie. Carcassonne, technival, mi-août :10 000, peut-être 20 000  ravers réunis durant quelques jours en zone rurale. Ignorance volontaire des pouvoirs publics, bricolages humanitaires, polémiques sur l'accompagnement sanitaire. Aurillac, festival de théâtre de rue, fin août. Près de 1 000 zonards réunis sur l'aire d'accueil qui leur est destinée. Une organisation solide, rodée, coûteuse : plus de 400 000 F à la charge de la mairie.

« Dans ces trois lieux, les mêmes jeunes. Aujourd'hui la tribu zonarde (ceux qui se disent de la “vieille zone” comme les dériveurs d'un été) et la tribu des “raveurs” se croisent, se déplacent ensemble, la rencontre et la fusion se sont opérées. Eux sont les mêmes partout où ils sont. Et pendant ce temps les réponses publiques sont laissées à l'appréciation d'un préfet, d'un maire, qui se débrouillent seuls sans l'appui d'un réseau de soutien, sans référence possible à des attitudes et des analyses nationales inexistantes, sans pouvoir profiter de l'expérience capitalisée des SAMU, des douanes, de la gendarmerie, de la police, car il n'y a aucune capitalisation nationale sur ces sujets au sein de ces administrations.

« Conséquence : tolérance ici, intolérance là. Attitudes publiques locales très diverses liées à la présence ou à l'absence de renforts de police. Accueillants sociaux ici, et pas là. Vente de drogues réprimée ici, ignorée là. Accueil organisé ici car les moyens financiers existent, mais pas là : quels moyens dans une petite commune rurale ?

« Alors que ces jeunes qui dérivent l'espace d'un été, qui errent pour certains durant toute l'année, ont besoin de rencontrer des réponses, des attitudes institutionnelles, publiques, professionnelles, cohérentes, donc coordonnées, les incohérences et les morcellements règnent dans la façon de les prendre en compte.

« On se prend alors à rêver : il existerait un groupe de travail national centré sur ces dérives estivales. Ce groupe réunirait les ministères concernés, les responsables associatifs des expériences en cours, les référents des réseaux professionnels au travail. Il serait chargé d'être le correspondant des élus et des services de l'Etat, et le lieu d'impulsion et de cohérence des actions engagées et à naître.

« En même temps des réflexions porteraient sur l'accompagnement des technivals et des grandes “free parties”, car on ne peut pas laisser sans eau et sans solution médicale d'urgence des regroupements de plusieurs milliers de jeunes. Il y aurait des inventions, des adaptations aux marges du droit.

« En même temps les structures qui ont acquis de grandes compétences chacune dans leur domaine en inventant des interventions dans ces grands rassemblements (accueils sociaux, antennes médicales, soutiens aux usagers de toxiques, réduction des risques sanitaires liés aux usages de drogues...) se rencontreraient pour agir ensemble.

« Est-ce si irréaliste ? Mais qui prendra l'initiative ? »

Notes

(1)  CEMEA : 24, rue Marc-Seguin - 75018 Paris - Tél. 01 53 26 24 24.

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