Cette réorganisation est partie d'un constat sévère sur la situation antérieure...
- L'organisation ancienne de notre action sociale est apparue très verticalisée. Il existait différentes directions centrales par thème, disposant presque toutes de services territorialisés qui, pour communiquer entre eux, devaient remonter vers leur direction de rattachement. Par exemple, les agents du service social départemental, du service enfance, de la protection maternelle et infantile (PMI) intervenant dans un même périmètre s'adressaient chacun à leur propre direction centrale et, manquant d'outils de coordination, avaient un peu de mal à travailler ensemble. Cela empêchait une approche complète, cohérente, des difficultés rencontrées par les populations du territoire. A ce cloisonnement, s'ajoutait une grande difficulté de lisibilité pour nos partenaires, pour les élus... La commande passée par le président du conseil général, Bernard Derosier, a donc porté sur une organisation plus territorialisée et une plus grande ouverture vers l'extérieur.
Que signifie exactement pour vous « territorialisation » ?
- Il faut structurer l'action sociale autour d'objectifs définis à partir de l'analyse d'une situation territoriale. Le département est très vaste et très diversifié, ce qui explique aussi en partie la réforme. Des zones extrêmement urbanisées
- le Valenciennois, Dunkerque... - coexistent avec des zones rurales
- l'Avesnois, la Flandre intérieure -, plus riche... Leurs ressources
- associations, services publics ou parapublics... -varient beaucoup. Cela nous a conduits à créer huit directions territoriales, qui vont chacune bâtir leur projet en fonction des caractéristiques locales. Projet qui
- c'est une nouveauté - sera décliné en objectifs communs que les différents services mettront en œuvre conjointement au niveau des « unités territoriales de prévention et d'action sociale », les anciennes « circonscriptions ». La réorganisation devrait permettre une approche des problèmes plus concertée, moins compartimentée. Ajoutons que si l'on veut être acteur de toutes les politiques territorialisées
- comme la politique de la ville -, il faut offrir à nos partenaires des interlocuteurs dotés d'une véritable légitimité pour agir. C'est pourquoi nos huit directeurs territoriaux seront les patrons administratifs de tous les services de leur secteur géographique : service social, secrétariat des cellules locales d'insertion, services santé, service enfance, PMI.
Dans quel sens va aller l'évolution du service social départemental stricto sensu ?
- Ce service a besoin de se construire une identité, d'avoir un projet qui lui permette de se projeter dans l'avenir, de se structurer. Ses travailleurs sociaux avaient jusqu'à présent l'impression qu'ils faisaient tout ce que les autres ne voulaient pas faire. Notre ambition est que son activité s'élabore à partir des demandes individuelles de la population, mais aussi, désormais, à partir des objectifs de la politique départementale, dont la ligne directrice est la mise en œuvre de la loi contre les exclusions. C'est une lourde affaire, car le service social départemental n'a jamais fonctionné par objectifs.
Propos recueillis par Céline Gargoly
(1) Voir ce numéro.
(2) Conseil général du Nord : 51, rue Gustave-Delory - 59047 Lille cedex - Tél. 03 20 63 59 59.
(3) Le Nord consacre près de la moitié de ses dépenses annuelles (4 milliards de francs sur un total de 9,2 milliards) à l'action sociale au sens large : enfance, personnes âgées et handicapées, famille, prévention santé, action sociale et insertion. Près de 2 900 de ses agents interviennent dans ce champ.