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Les baisses d'impôts ignorent les plus pauvres, regrettent les associations

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L'annonce, par le ministre de l'Economie et des Finances (1), des 120 milliards d'allégements fiscaux a reçu un accueil au mieux réservé, au pire glacial, de la part des associations.

Les minima sociaux « oubliés de la croissance »

Les critiques les plus sévères émanent des organisations de chômeurs, qui regrettent que ni les minima sociaux ni le SMIC n'aient été réévalués. « Les pauvres sont une fois de plus exclus de la redistribution des richesses. Il est indécent que cette baisse d'impôts touche aussi les plus fortunés alors que trop de personnes et de familles dans notre pays ont un revenu en dessous du seuil de pauvreté  », s'insurge le Mouvement national des chômeurs et précaire (MNCP) (2), qui demande un relèvement immédiat de 1 500 F des minima sociaux. Ces derniers sont en effet « les oubliés de la croissance », affirme l'Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires (APEIS) (3). Celle-ci estime que les excédents budgétaires auraient pu être utilisés à « donner plus aux gens qui vivent dans de grandes difficultés, parfois depuis longtemps ». Et reproche au gouvernement son « approche électoraliste  ».

« Les fruits de la croissance ne sauraient profiter qu'aux seuls “actifs” », renchérit la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (FNATH) (4). L'association estime « impératif et urgent de revaloriser substantiellement les prestations sociales [...] servies aux personnes accidentées, malades ou handicapées  ». Leur pouvoir d'achat a en effet « considérablement pâti de la rigueur économique passée ». L'association demande également au gouvernement d'étendre aux titulaires d'indemnités journalières et de pensions d'invalidité et de vieillesse les allégements de la contribution sociale généralisée (CSG) et de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS).

Le caractère inégalitaire des mesures est également dénoncé par ATD quart monde (5). « Ces baisses d'impôts ne touchent pas tous les citoyens. Les plus pauvres n'ont pas grand-chose à gagner : ils ne paient pas d'impôts, ils n'ont pas de voiture, ou alors de vieux véhicules, et sont peu concernés par la suppression de la vignette », constate l'association. Celle-ci aurait d'ailleurs préféré des dispositions à l'impact plus direct sur la vie quotidienne, comme la baisse du prix de l'eau ou la suppression de la redevance télévision. Agir ensemble contre le chômage (AC !) (6), de son côté, souligne l' « effet positif » de la fin de la vignette pour les demandeurs d'emploi qui, dans certaines régions, « ont un besoin vital de leur voiture ». Tout en déplorant que la mesure n'apporte aucune solution pour les chômeurs urbains.

Les budgets sociaux sous surveillance

D'une façon générale, les associations entendent se montrer particulièrement attentives aux moyens budgétaires qui seront attribués à la lutte contre les exclusions dans les années à venir. Ainsi, la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (FNARS) (7) - qui aurait également souhaité un renforcement des minima sociaux - met en garde « contre le principe de déshabiller Pierre pour habiller Paul » . « Il ne faudrait pas que la baisse des impôts pour tous ait pour conséquence la réduction ou la stagnation des budgets sociaux, déjà insuffisants », explique-t-elle. Même préoccupation du côté de l'Union nationale interfédérale des organismes privés sanitaires et sociaux (Uniopss) (8), qui attend que la loi de finances 2001 « fasse profiter tout le monde de l'embellie économique, en intensifiant les efforts en direction des plus démunis, des personnes handicapées ou dépendantes ». Ces deux organisations ne sont d'ailleurs pas les seules à redouter quelque tour de passe-passe. AC !, par exemple, s'inquiète des allégements de CSG : « Ce que l'on perd en baissant les cotisations sociales, il va bien falloir le récupérer autrement. Le gouvernement a choisi le “bricolage”. » Des craintes qui rejoignent en partie celles de l'Union nationale des associations familiales (UNAF) (9), qui « n'acceptera pas que ce qui est donné d'une main aux familles par la fiscalité soit repris de l'autre par une modification des ressources ou des charges de la branche famille de la sécurité sociale ». L'association accueille toutefois « positivement » les mesures concernant la décote, le quotient familial et la vignette automobile.  C.G.

Notes

(1)  Voir ce numéro.

(2)  MNCP : 17, rue de Lancry - 75010 Paris - Tél. 01 40 03 90 66.

(3)  APEIS : 27, avenue Maximilien-Robespierre - 94400 Vitry-sur-Seine - Tél. 01 46 82 52 25.

(4)  FNATH : 38, bd Saint-Jacques - 75014 Paris - Tél. 01 45 35 00 77.

(5)  ATD quart monde : 33, rue Bergère - 75009 Paris - Tél. 01 42 46 81 95.

(6)  AC! : 42, rue d'Avron - 75020 Paris - Tél. 01 43 73 36 57.

(7)  FNARS : 76, rue du Faubourg-Saint-Denis - 75010 Paris - Tél. 01 48 01 82 00.

(8)  Uniopss : 133, rue Saint-Maur - 75541 Paris cedex 11 - Tél. 01 53 36 35 00.

(9)  UNAF : 28, place Saint-Georges - 75009 Paris - Tél. 01 49 95 36 00.

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