Pourquoi appeler à des états généraux de l'assurance chômage ?
- Cela fait longtemps que les associations de chômeurs réclament un véritable débat de société sur ce mode d'indemnisation (3). Car l'Unedic a montré ses limites : avec l'apparition du chômage de masse, elle s'est transformée en machine à sélectionner et 60 % des chômeurs sont aujourd'hui exclus d'un système qui a été créé pour eux ! Le patronat, toujours majoritaire dans les instances des Assedic, a donné le ton, et n'a pas proposé autre chose, au plus fort de la crise, que la dégressivité. En résumé, le paritarisme a échoué.
Quelles sont vos propositions pour réformer l'assurance chômage ?
- Nous demandons en premier lieu que le niveau d'indemnisation soit revu à la hausse. Le fait qu'il soit trop faible représente un danger pour les salaires. En effet, nous constatons que cela pousse trop de gens à accepter de travailler pour moins de 4 000 F par mois. Nous estimons qu'une bonne indemnisation permet de retrouver un emploi plus vite et dans de meilleures conditions. Ensuite, de véritables efforts sont à fournir pour améliorer l'accès à la formation. Cela passe par la possibilité de continuer de percevoir un revenu décent pendant qu'on se forme pour changer de métier. Aujourd'hui en France, il est trop difficile de se former, de façon continue ou non, particulièrement pour les adultes. Enfin, nous demandons un accès libre et égal à l'emploi. Or le plan d'aide au retour à l'emploi (PARE) semble réservé aux chômeurs de demain et à ceux faciles à réemployer, pas aux demandeurs d'emploi qui sont en réelle difficulté maintenant.
Si la CFDT et le patronat quittent définitivement les instances de l'Unedic, cela sonnera le glas du paritarisme. Qu'en pensez-vous ?
- Comme je le disais, le paritarisme a montré ses limites, il doit mourir. A la place, toutes les composantes du monde du travail et du chômage doivent être représentées, y compris les associations de chômeurs ou les associations de solidarité, type FNARS, ATD quart monde, etc. Je rappelle, par parenthèse, que depuis 12 ans que nous existons, l'APEIS n'a jamais rencontré l'Unedic : pour cet organisme, les associations de chômeurs n'existent pas. Or la représentation des sans-emploi et des précaires n'incombe pas seulement aux syndicats ! Le débat entre ces derniers, les patrons, l'Etat et les associations doit aboutir à une meilleure indemnisation et surtout, à ce que tout cela ne se reproduise pas. Sinon, à chaque secousse économique, trop de personnes se retrouveront en chômage de longue durée et seront oubliées, même en période d'euphorie générale, comme c'est le cas actuellement.
Pensez-vous que vous parviendrez à être associés aux prochaines discussions ?
- Pour nous, le pire serait qu'un débat s'ouvre seulement entre les signataires de la convention actuelle et le gouvernement pour la rendre « plus acceptable ».
Propos recueillis par Paule Dandoy
(1) APEIS : 27, avenue Maximilien-Robespierre - 94400 Vitry-sur-Seine - Tél. 01 46 82 52 25.
(2) Voir ce numéro et.
(3) Voir ASH n° 2173 du 30-06-00.