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Le toxicomane et sa tribu

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 Pourquoi les toxicomanes vivent-ils, à un moment ou à un autre, une expérience collective, dans la rue ou dans un squat, par exemple ?Réfléchir à cette question permet de remettre en cause le mythe de la personne droguée forcément isolée, désocialisée, délinquante et manipulatrice. C'est tout le mérite de cet ouvrage de nous faire découvrir la vie quotidienne et psychique de ces personnes, à travers de précieux témoignages et des grilles d'analyses diverses - sociologique, ethnologique et psychanalytique. L'auteur, forte de sa longue pratique professionnelle de psychologue clinicienne, émet l'hypothèse que ces expériences collectives sont un moyen, pour les toxicomanes, de réinventer un lien avec la société. A l'instar des tribus primitives, ces groupes, souvent nomades, se construisent autour du totem de la drogue, de rituels (s'informer, trouver des moyens de subsistance, s'intoxiquer), de codes (vestimentaires, de langage) et de solidarités. Et surtout, ils n'accueillent pas les individus en tant que personnes, mais en tant que consommateurs de psychotropes. C'est justement parce que ces tribus réunissent des pairs « semblables » et réduisent l'altérité qu'elles auraient un effet thérapeutique sur les toxicomanes, selon l'auteur. Profondément honteux de leur impuissance à se révolter contre les brutalités, les rejets, les humiliations, les stigmatisations qu'ils ont vécus, ces derniers trouvent dans ces groupes un refuge contre l'angoisse, un sentiment de sécurité psychique qui autorise une restauration de l'image de soi. L'auteur propose donc que les travailleurs sociaux n'abordent plus uniquement les toxicomanes par leurs dysfonctionnements, mais qu'ils tiennent compte de leur expérience du collectif, par exemple en les soignant en groupe. Et pourquoi ne pas s'appuyer sur leur « technicité de survie »  : les personnes droguées ne connaissent-elles pas parfaitement les institutions sociales et humanitaires, ne développent- elles pas tous les moyens, y compris la ruse, pour couvrir leurs besoins vitaux ? Enfin, l'auteur souligne que, profondément dépressifs, les toxicomanes ont besoin d'agir dans l'urgence, pour éviter de penser et de se laisser envahir par l'angoisse. Et propose aux professionnels non pas de travailler « dans » l'urgence mais « avec » elle. P.D. Le toxicomane et sa tribu - Nadia Panunzi-Roger -Ed. Desclée de Brouwer - 162 F.

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