Les organismes de placement (agences locales pour l'emploi, permanences d'accueil, d'information et d'orientation, Association nationale pour la formation professionnelle des adultes) sont impuissants à contrer les discriminations des entreprises envers les jeunes étrangers ou d´origine étrangère. C'est ce que démontre une étude réalisée en 1997 - donc en pleine période de pénurie d'emploi - sous la direction de Jacques Freyssinet, directeur de l'Institut de recherches économiques et sociales (IRES) (1).
« Pour les intermédiaires du marché du travail, l'une des évolutions récentes [...] est un racisme qui ne se cache plus » , notent d'emblée les auteurs de l'enquête. « Des employeurs disent ne vouloir “ni noirs ni arabes” », et cette discrimination sur le critère de la peau concerne également les jeunes Français originaires des DOM-TOM. « Elle touche particulièrement le secteur de la vente et les métiers ayant un contact direct avec la clientèle », précise l'étude.
Les organismes chargés du placement des jeunes ont peu de moyens pour s'opposer à cette attitude des entreprises puisqu'ils ne disposent d'aucun pouvoir de sanction. Ils tentent bien de rappeler leur mission de service public accueillant tous les jeunes sans distinction d'origine, mais cela « ne résiste que rarement à la force des phénomènes de discrimination », précisent les auteurs. Pire, situés sur un marché concurrentiel et dans un contexte de pénurie d'emploi, ANPE, PAIO, organismes de formation en alternance, sont amenés, par souci d'efficacité, à exclure les jeunes étrangers des marchés discriminants. Les auteurs en concluent qu'il existe une « position passive », voire une « acceptation tacite » des discriminations par les organismes de placement.
(1) « Conditions d'accès à l'entreprise des jeunes étrangers ou d'origine étrangère : nature des résistances » - Migrations études n° 94 - Mai-juin-juillet 2000 - Disp. à l'ADRI : 4, rue René-Villermé - 75011 Paris - Tél. 01 40 09 69 19 ou sur Internet :