En 1998, 214 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été pratiquées, contre 202 000 en 1990. Ce qui correspond à une augmentation de 6 %, pointe une récente étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) (1). Sur la même période, le taux d'IVG pour les femmes de 15 à 44 ans s'est légèrement accru, passant de 15 ‰ à 15,4 ‰. Cette évolution, toutefois, n'est pas uniforme. Stable au-delà de 25 ans, ce taux a progressé chez les plus jeunes femmes. La plus forte hausse concerne les 18-19 ans (19 ‰ en 1997, contre 15‰ en 1990). Pour expliquer cette tendance, les auteurs avancent plusieurs hypothèses, « difficiles à confirmer ». D'une part, « l'évolution des modes de vie dans un contexte parfois marqué par la précarité économique ». Un nombre croissant de jeunes femmes seules, ou sans situation professionnelle et familiale stable, pourraient avoir des difficultés, souvent pour des raisons matérielles, à recourir à une contraception efficace et à assumer une grossesse accidentelle. En outre, l'accent mis sur la prévention du sida et l'usage du préservatif a pu freiner le recours à des pratiques contraceptives plus systématiques ou plus sûres. Par ailleurs, les jeunes majeures, n'ayant plus droit à la gratuité des consultations et des contraceptifs dans les centres de planification familiale, peuvent, lorsqu'elles sont « ayant droit » de leurs parents pour la sécurité sociale, hésiter à solliciter un remboursement nécessitant d'informer leur famille.
L'Ile-de-France, l'Aquitaine, le Languedoc- Roussillon et les régions Midi-Pyrénées, PACA et Rhône-Alpes connaissent des taux d'IVG plus élevés que la moyenne de la France métropolitaine. A signaler la situation particulière des départements d'outre-mer :en Martinique, en Guyane et à la Réunion, les taux atteignent deux fois la moyenne métropolitaine, et trois fois et demie en Guadeloupe. Les avortements par mode médicamenteux (RU-486) - qui ne concernent que les IVG très précoces - représentent désormais 20 % du total (14 % en 1990). Ils sont proposés majoritairement dans les hôpitaux du service public. Lesquels assurent globalement les deux tiers des IVG.
(1) « Les IVG en 1998 » - Etudes et résultats n° 69 - Juin 2000 - DREES.