Le nombre des demandeurs d'asile politique en France a fortement augmenté en 1999, pour atteindre 30 907, contre 22 375 l'année précédente, soit une croissance de 38,1 %. Tel est le constat de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) dans son bilan annuel rendu public, le 15 juin, par son nouveau directeur, Michel Raimbaud. Seules la Belgique et la Grande-Bretagne connaissent un phénomène d'afflux similaire, tandis que les autres grands pays d'accueil voient leur chiffre baisser.
L'OFPRA souligne l'explosion de la demande chinoise (+ 150 % par rapport à 1998), due, en particulier, à la politique anti-nataliste de Pékin et à un militantisme d'opposition. De même, le rapport observe un flux important de demandeurs en provenance du sous-continent indien, de l'ex-Yougoslavie, de la Turquie, de l'Algérie, des pays issus de l'ex-Union soviétique, ainsi qu'une « hausse spectaculaire » (+ 68 %) des demandes africaines (Angola, ex-Zaïre, Rwanda, Mali, Mauritanie et Sierra Leone). Pour la plupart de ces dernières, des situations géopolitiques complexes et évolutives conduisent à retarder le traitement des dossiers.
Parallèlement, le chiffre des demandes acceptées n'a pas suivi la même évolution. L'office n'a en effet accordé le statut de réfugié qu'à 4 659 personnes (pour 24 151 décisions), soit un taux d'accord global de 19,3 %, « stable par rapport à 1998 », note le rapport.
Au total, face à l'afflux toujours plus important de demandes, l'OFPRA a légèrement accéléré le rythme de ces décisions. Conséquence directe, le taux d'entretien (1) est tombé à 37 % en 1999 (contre 40,2 % en 1998 et 55 % il y a cinq ans). Mais les durées d'attente n'ont pas, pour autant, diminué de façon significative. Le délai moyen d'instruction s'élève, en effet, à 128 jours.
Le rapport constate, enfin, un déficit de 7 700 demandes non traitées en 1999, sans compter le « stock » de dossiers en cours d'examen estimé à 18 000. Actuellement, le nombre de réfugiés statutaires est évalué à 108 102 (auquel il faut rajouter environ 30 000 enfants mineurs), en baisse par rapport à 1998 (115 025) et 1997 (121 340).
(1) Pendant cet entretien, l'agent de l'OFPRA interroge le demandeur sur ses motivations. Il est en principe obligatoire, en vertu d'une résolution du Conseil de l'Union européenne de 1995.