Alors que Ségolène Royal devait annoncer des mesures pour adapter l'accueil des enfants de moins de 6 ans lors de la conférence de la famille du 15 juin (1), une étude de l'Observatoire national de l'action sociale décentralisée (ODAS) révèle « un renouveau » des politiques municipales en direction de ce public. Cette enquête, menée une première fois en 1996, a été reconduite en 1999 auprès de 206 villes de plus de 30 000 habitants et de chefs-lieux de départements (2).
Les municipalités ont été confrontées à la crise des structures collectives d´accueil. L'augmentation des places en crèches collectives et familiales ainsi qu'en haltes-garderies s'est en effet ralentie ces dernières années (2 000 places de plus chaque année de 1995 à 1999 contre 10 600 de 1985 à 1992). Ainsi, l'ensemble de ces villes n'offrait en 1998 que 15,5 places pour 100 enfants de moins de 3 ans. L'ODAS attribue la relative désaffection du public pour ce mode de garde à l'impact des nouvelles législations concernant la famille (allocation parentale d'éducation, aide à la famille pour l'emploi d'une assistante maternelle agréée...), à la crise de l'emploi qui a maintenu plus de mères à domicile et, enfin, à « l'inadaptation de certaines règles de fonctionnement des crèches aux nouveaux besoins d'accueil liés au morcellement de l'emploi ».
Des progrès sur l'accueil à temps partiel...
C'est sur ce dernier point que les municipalités ont fait des efforts tout récemment. Neuf villes sur dix en 1999 (contre 75 % en 1996) ont ainsi développé l'accueil à temps partiel en crèches collectives et haltes-garderies, ou encore des structures « multi-accueil » « qui estompent un clivage bientôt obsolète entre “accueil permanent” et “accueil temporaire” », expliquent les auteurs. En revanche, l'extension des horaires d'ouverture « ne semble pas à l'ordre du jour, puisque moins d´un quart des villes ouvrent certaines de leurs structures tôt le matin ou tard le soir ».
« Cette évolution qualitative, malgré ses limites, est probablement à l'origine d'une reprise des demandes » et d'une réapparition des listes d'attente depuis 1998, analyse l'ODAS. Par contre, la région parisienne « n'a pas évolué aussi vite en matière d´accueil régulier à temps partiel » malgré une demande largement supérieure à l'offre.
Les municipalités ont également élargi le champ de leur mission auprès des jeunes enfants. 52 %d'entre elles ont créé des lieux parents-enfants, une sur cinq des activités de pré-scolarisation (éveil artistique, sportif, passerelles vers l'école). Elles ont facilité l'accès de populations spécifiques, comme les enfants dont les parents sont chômeurs (une ville sur deux), étudiants, ou mères seules (quatre villes sur dix). Les enfants de nomades continuent toutefois d'être négligés puisque seulement une ville sur quatre s'est efforcée de leur ouvrir les portes des crèches.
... et la coordination de l'offre
Mais les municipalités ne s'arrêtent pas là : elles « entendent dépasser leur rôle traditionnel de gestionnaire d'équipements et services, pour participer à la coordination de l'offre d'accueil », y compris celle qui appartient au domaine privé. La moitié des municipalités interrogées créent ainsi des relais assistantes maternelles, ces lieux de rencontre, d'information, voire de formation, destinés à améliorer l'accueil des enfants à domicile. Par ailleurs, dans le but de mener une politique plus efficace et plus globale de la petite enfance, les villes entendent développer des partenariats. Les caisses d'allocations familiales sont des interlocuteurs privilégiés pour programmer et financer des lieux parents-enfants, par exemple, de même que les départements, en matière de protection maternelle et infantile. Les municipalités considèrent très majoritairement la collaboration avec les centres communaux d'action sociale comme « bonne », alors qu'elles perçoivent l'intercommunalité comme « insuffisante » (seules 17 % des villes mènent des actions véritablement intercommunales). Enfin, un tiers des municipalités regrettent que les rapports avec l'Education nationale soient inexistants. P.D.
(1) Voir ce numéro.
(2) Disp. à l'ODAS : 37, boulevard Saint-Michel - 75005 Paris - Tél. 01 44 07 02 52 - 95 F.