En 1996, 12 % des ménages européens étaient des familles monoparentales - 13 % en France -, selon une étude récente de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) du ministère de l'Emploi et de la Solidarité (1).
Les parents isolés européens sont en grande majorité des femmes (neuf fois sur dix), âgés en moyenne de 42 ans, séparés ou divorcés (57 %) et actifs (59 %). Le niveau de vie de ces familles est inférieur de 27 % à celui de l'ensemble des ménages et un quart d'entre elles sont pauvres. « Le risque de pauvreté est ainsi deux fois plus grand que pour l'ensemble des ménages », soulignent les auteurs . Mais le déficit de niveau de vie de ces familles « n'est pas tant lié à la monoparentalité qu'au fait que leur ménage ne compte qu'un seul apporteur de ressources ». Ainsi, « comparées à l'ensemble des familles où un seul parent est actif, les familles monoparentales n'apparaissent globalement pas plus souvent pauvres », nuancent-ils.
Pour étudier les ressources de ces ménages, l'enquête distingue ceux qui sont isolés de ceux qui sont hébergés en famille (12 %en moyenne, surtout en Europe du Sud). Les revenus des premiers proviennent pour 58 % du travail et 34 % des aides sociales (dont 10 % de prestations familiales). Selon l'enquête, « l'impact des transferts sociaux sur la réduction de la pauvreté des familles monoparentales isolées est maximal au Danemark [...], moins spectaculaire mais néanmoins significatif en Finlande, Autriche, Irlande, Belgique, Pays-Bas, France et Royaume-Uni ».
Les ménages hébergés - seulement 7 % des familles monoparentales en France -possèdent un niveau de vie légèrement supérieur (de 7 %) aux précédents, grâce à la solidarité familiale.
L'enquête souligne par ailleurs l'hétérogénéité des familles monoparentales. Pour ce faire, elle en distingue trois types. Le premier correspond à l'image répandue sur ces ménages, à savoir des familles pauvres, dirigées par des femmes inactives et massivement bénéficiaires des transferts sociaux. Ce groupe ne réunit en fait que 31 % des familles monoparentales européennes, principalement aux Pays-Bas, en Irlande, au Royaume-Uni et en Belgique. Le deuxième type (11 %) rassemble des familles dont les chefs sont plus jeunes, des femmes en grande majorité, célibataires et actifs pour la moitié d'entre eux. Il se rencontre surtout au Royaume-Uni, en Irlande, Finlande et Autriche. Le type le plus courant (59 %), également largement majoritaire en France (71 % des familles monoparentales), possède un niveau de vie plus élevé que les précédents. Les chefs de familles y sont plus actifs - 76 % en France contre 59 % en moyenne européenne - et âgés de plus de 30 ans.
(1) « Les familles monoparentales en Europe : des réalités multiples » - Etudes et résultats n° 66 - Juin 2000 - DREES.